Le Figaro : le papier, on y croit ! 

Pierre Bayle, directeur artistique au quotidien Le Figaro nous parle des nouveautés qui ont été introduites en 2024, notamment dans le but de faire converger médias papier et web.

Pierre Bayle, quel est votre parcours ?
P.B. J’ai 55 ans et je fais de la presse depuis toujours, avec cependant un passage dans la communication. Pour revenir à mon parcours presse, j’ai travaillé pour Vélo Magazine puis L’Équipe Magazine. Ensuite, Jean-Michel Salvator m’a appelé il y a 13 ans pour me proposer de rejoindre Le Figaro comme directeur artistique.

Le Figaro présente un certain nombre de nouveautés en 2024
P.B. Nous avons effectivement aujourd’hui une nouvelle maquette dont le développement a duré neuf mois. On a introduit, dans un esprit de continuité, de nouvelles typos dans une structure relativement inchangée de cinq colonnes pour les éditions du Figaro, dans le but notamment de rationaliser les formats publicitaires. On a aussi sorti le logo de l’à-plat bleu sur la une, et on a introduit le bleu marine pour rappeler les couleurs du web premium, dans une volonté de synergie entre le support papier et le canal web. Le fait de sortir le logo de son à-plat bleu le met dans une tonalité davantage anglo-saxonne. On l’a également étroitisé et on a joué sur les blancs pour que le journal paraisse un peu plus vertical, toujours à l’anglo-saxonne. Il a également été demandé moins de photos et plus de texte : aujourd’hui, nous avons une seule photo par page au lieu de deux auparavant, sauf exception. C’est un vrai choix éditorial, toujours dans une optique de synergie avec le web, car sur le web on écrit davantage. Résultat, on a plus d’espace pour la photo et on augmente son impact avec une dimension plus importante. Cela suppose évidemment plus de travail de recherche photo. D’autre part, on a simplifié la maquette et on l’a rendue plus graphique. La typo, la Publico, a diminué, mais est a été boldisée, dans un objectif d’obtenir là aussi des pages plus graphiques. On a aussi rajouté quelques filets pour les sous-titres et opté pour quatre colonnes pour la partie Débats et Opinions, afin d’amplifier les faits et renforcer l’aspect lecture avec plus de texte. Nous sommes ici dans un autre temps de lecture. En résumé, on s’est attaché  à jouer avec moins d’effets, en travaillant une maquette qui soit au service de la photo et du texte. Et on a intégré certains des standards du journal de la version web. Enfin, la Stag est devenue la typo principale du Cahier Économie. Et la Publico est devenue la typo numéro un des Cahiers Culture (ndlr : les typos Publico et Stag proviennent de chez Commercial Type).

Comment voyez-vous évoluer la presse d’un point de vue éditorial et graphique ?
P.B. Il faut impérativement établir des passerelles entre le web et le print, surtout quand on sait que le web est désormais à la première place pour ce qui concerne la diffusion de l’information. Il nous faut jouer sur la couleur et la typo de façon à obtenir une unité graphique et une homogénéité typographique. Le prochain chantier portera sur TV Magazine où l’on va opérer de petits changements, toujours sur le même principe, même si les codes ne sont évidemment pas identiques.

Un message pour terminer ?
P.B. Vous le savez bien, la presse est un univers très compliqué, et on ne sait pas vraiment dans quelle direction le print pourrait évoluer. Même si au Figaro nous croyons encore beaucoup au support papier, on voit bien comment évoluent nos collègues français et européens : ils abandonnent tous plus ou moins le papier. Nous, on fait le maximum pour que le papier dure le plus longtemps possible, car c’est un support légitime et vivant. 

Une interview de Christophe Chaptal

Article précédemment paru dans le Design fax 1312