Outercraft : hyperactif et serein

Florian Auger, fondateur et directeur du design d’Outercraft nous parle en particulier de son récent partenariat avec vvast.

Florian Auger, comment allez-vous ?
F.A. Je vais très bien. On a emménagé début janvier dans les nouveaux locaux, ce qui insuffle une nouvelle dynamique à l’équipe et qui permet de donner aux clients un visage représentatif de ce que l’on est en matière de philosophie et de moyens avec notamment un super atelier de prototypage. Pour mémoire, l’équipe Outercraft compte actuellement six personnes et nous n’envisageons pas pour l’instant de grandir, d’une part parce que le marché n’est pas hyper dynamique et d’autre part parce que nous préférons rechercher du business à fort potentiel. On n’est pas dans une démarche de faire de la croissance à tout prix. Enfin, j’ai été particulièrement actif ces derniers temps avec des voyages partout en Europe, ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup de monde.

Pouvez-vous nous parler du partenariat que vous avez signé avec vvast ?
F.A. J’avais pris la parole en septembre 2023 au Surf Summit, un évènement organisé par EuroSIMA, devant un parterre de cadres et dirigeants des entreprises du secteur. J’ai pu exposer notre stratégie et méthodologie ainsi que notre travail de recherche comportementale, le tout constituant une bonne façon de gérer l’innovation et de mener les études au succès. Du coup, à la suite de cette intervention, beaucoup de connexions se sont établies et en particulier avec Richie Jones, le CEO et fondateur de vvast, entreprise anglaise qui propose sur le marché européen des marques principalement américaines du secteur du hard-wear et du sport. Nous nous sommes découvert une super affinité. C’est une boîte qui comme nous a une grosse culture de l’innovation, mais eux commencent à travailler là où on s’arrête. vvast est une société de services qui opère le marketing et la distribution, en s’appuyant notablement sur le e-commerce. Ils pilotent l’offre de leurs clients comme si c’était la leur. L’objectif de notre partenariat est de créer une offre commune pour mieux accompagner nos clients respectifs. En mettant nos deux forces bout à bout, on va disposer d’une formidable machine à produire. Nous, on va de l’amont stratégique au dossier d’industrialisation, et eux prennent le relai pour la mise en marché et la distribution. Ils travaillent avec des marques Super 73 ou Stain. Bref, on fait partie du même écosystème, avec une offre complémentaire, sans overlap.

Ce partenariat pourrait aller plus loin ?
F.A. Tout est ouvert. On veut d’abord mettre ce partenariat sur le marché, mais il est exact que nous avons beaucoup de projets dans les tuyaux. Ils sont plus gros que nous, mais nous sommes très homogènes en matière de démarche.                      

Pensez-vous que ce type d’alliance va se multiplier ?
F.A. Il y a de la place sur le marché pour des acteurs qui maîtrisent la totalité de la chaîne de valeur allant de la réflexion stratégique à la distribution. L’objectif est de s’entourer de partenaires de haut niveau pour accompagner les marques de façon optimale. S’il n’y a que des gens brillants autour de la table, c’est plus facile. Des territoires différents avec des échanges win-win. Les alliances fonctionnent quand tout le monde se tire vers le haut. Pour ce qui nous concerne, les services que l’on propose font que l’on est assez intrusif dans notre façon de questionner le business. Cela nous permet d’arriver sur le bon terrain avec le bon langage émotionnel. Et cela nous permet d’engager les marques pour qui on travaille. Mais tout cela suppose un grand niveau de confiance de leur part.

Comment voyez-vous 2024 ?
F.A. 2024 va être une année charnière pour nous. On apprend à se positionner dans une période de crise et cela nous fait prendre beaucoup de recul sur notre proposition de valeur et les services que nous proposons. Je bosse sur de nouvelles stratégies pour continuer à faire de la progression qualitative. On veut prendre la responsabilité du succès des projets. On veut être un vrai partenaire pour nos clients, ce qui suppose une évolution de notre modèle économique. On ouvre notre réseau, on rencontre beaucoup de monde et forcément cela aboutit à de nouveaux horizons.

Votre regard sur le design en France ?
F.A. À vrai dire, je viens de passer pas mal de temps avec beaucoup d’agences et d’institutions françaises. Pour moi, il faut vraiment s’ouvrir à l’international et surtout ne pas se limiter à l’échelle française. Chez Outercraft, on regarde beaucoup ce qui se fait sur un plan international. Ainsi, en France, dans notre domaine d’activité, il y a beaucoup de designers intégrés avec des principes de fonctionnement souvent moins ouverts qu’en Europe du Nord. Là-bas, le fonctionnement se base sur de vrais partenariats et sur des modèles économiques construits avec des missions menées en collaboration avec des designers externes ainsi que sur de l’intéressement au succès. Les agences externes sont traitées comme des agences intégrées. En France, c’est très compliqué de parler d’association sans prise de participation, ou encore de raisonner en sucess fees. En Europe du Nord, on recherche des experts à l’extérieur et on prend les meilleurs : ce n’est pas juste une histoire de ressources de complément. De façon générale, le design français qui se regarde le nombril, très peu pour moi. D’autre part, je ne suis pas designer de formation et n’ai donc pas de loyauté particulière à respecter envers mes collègues, même si je me considère bien comme un designer !

Un message pour terminer ?
F.A. On a plein de projets en route : entre autres un gros rebranding pour JoinSteer, un acteur du leasing automobile qui propose des formats et des services différents en matière d’expérience automobile, avec un storytelling différent. On a également le rebranding d’Hopaal, une marque de vêtements outdoor. Enfin, on a un travail en cours avec Millet.

Une interview de Christophe Chaptal

Article précédemment paru dans le Design fax 1311