Ultra Art : le design en mouvement

Christophe Raynal a développé un nouveau concept, Ultra Art, dont l’objectif est “de faire évoluer les espaces, qu’ils soient privés ou publics, en véritables galeries d’œuvres vivantes”. 

Christophe Raynal, quel est votre parcours ? 
C.R. Mon parcours est particulier, car dès le départ je n’étais pas intéressé par aller à l’école : j’ai donc décidé à 14 ans de découvrir le monde, et notamment la vie à Paris. J’ai d’abord travaillé dans l’univers de la nuit, puis dans l’industrie musicale. Là, j’ai grimpé les échelons, jusqu’à découvrir le management d’équipes, pour finir, à 28 ans, directeur de la promotion chez BMG. Ensuite, j’ai rejoint le groupe NRJ et de là je suis parti monter ma première agence d’évènements que j’ai vendue peu après. Ensuite, je suis passé par McCann Erickson où j’ai monté une agence d’évènements interne pour travailler avec la promotion des ventes afin de gérer, ce qui était nouveau à l’époque, c’était les années 2000, l’expérientiel marketing. Puis, j’ai été promu à la direction générale, ce qui ne m’a pas vraiment intéressé. J’ai donc quitté le groupe pour monter une autre agence d’évènements, mais qui n’a pas marché comme je l’aurais souhaité.

Vous ne vous êtes pas arrêté là ?
C.R. Bien sûr que non ! Je suis reparti dans le sud de la France pour monter un restaurant de cuisine créative et c’est là que tout a commencé pour moi en matière de création : je voulais une décoration que l’on puisse ne pas voir partout. J’ai donc commencé à réaliser des photos retravaillées et c’est devenu comme une passion frénétique. Je ne connaissais rien à l’art, mais ça m’intéressait tellement que je me suis donné 10 ans pour investiguer le sujet. De retour à Paris pour une première exposition, puis j’ai eu l’opportunité d’aller à New York, où on pouvait aller dans n’importe quelle entreprise voir le patron qui vous recevait immédiatement et vous accordait cinq minutes. J’ai fait au total quelque 200 rendez-vous et j’ai réalisé mon premier projet avec l’agence de design et d’architecture Rockwell Group, et ensuite avec Clodagh qui avait une grosse galerie, et également avec Gensler pour le projet 685 Third Avenue. Tout cela m’a permis de travailler partout dans le monde. Je suis rentré en France pour exposer chez Artcurial avec Thierry Lemaire pour qui j’ai fait une sculpture. J’avais toujours envie d’explorer la planète et je me suis finalement retrouvé à Bangkok, mais l’expérience fut assez dure. Retour encore une fois en France pour travailler avec des marques, notamment avec un programme que j’avais dénommé Take care of the business destiné à développer des marques aux États-Unis dans les domaines de l’architecture d’intérieur et du design. En parallèle, j’ai travaillé le béton pour des luminaires et le métal pour des sculptures. Et de fil en aiguille, je suis arrivé à l’Ultra Art.

Justement, quelle est l’histoire d’Ultra Art ?
C.R. J’avais reçu une demande d’un collectionneur via Facebook qui voulait m’acheter six œuvres à 5000 dollars pièce, mais payables en NFT. J’ai refusé, mais cela m’a donné une idée : amener le numérique dans mes créations, d’autant que j’avais été voir une plateforme de vente d’œuvres NFT et que j’ai été intéressé par les concepts présentés. De là, j’ai recherché des outils pour apporter de la dynamique et de la fluidité à mes créations afin de mettre en mouvement les matières et les couleurs. Mais pour passer à un stade plus industriel, se posait le problème de la distribution : j’ai donc contacté Christophe Ghisoni de LEDBOX Company et j’ai monté une offre permettant d’acquérir une œuvre animée en LOA sur une période allant jusqu’à 60 mois avec 2 % de reprise si le client souhaite conserver le dispositif.

À qui s’adresse Ultra Art et comment travaillez-vous ?
C.R. Ultra Art s’adresse majoritairement aux architectes d’intérieur ou aux entreprises de type foncières qui ont comme projet de rénover un parc immobilier. Les marques sont également intéressées par cette approche parce que l’image-matière un est un bon vecteur de promotion de leurs produits. Je suis d’ailleurs en train de prendre attache avec un agent pour monter un partenariat avec un annonceur. Je suis tout seul à m’occuper d’Ultra Art, ce qui ne me pose aucun problème, car ayant exercé plein de métiers, je suis en mesure de piloter la chaîne de valeur de mon business de façon autonome. Pour ce qui concerne la façon dont je travaille, je m’appuie en partie sur un stock d’images que j’ai déjà constitué, et avec l’IA je recrée de nouvelles matières. En résumé, mon travail est d’abord d’ordre photographique avec une captation de la matière, que j’explose ensuite dans tous les sens à l’aide de logiciels de type Photoshop que j’utilise de façon très personnelle.

Un message pour terminer ?
C.R. J’ai mis 10 ans à comprendre que la réalité n’existe pas, pas plus que l’idée du beau ! 

Une interview de Christophe Chaptal

Article précédemment paru dans le Design fax 1334