Olivier Saguez et Boris Gentine nous en disent plus à propos de la nouvelle équipe de direction qui s’est mise en place il y a un an au sein de l’agence Saguez & Partners.
Olivier Saguez et Boris Gentine, comment allez-vous ?
O.S. Très bien. Je suis au Caire en ce moment. Je vous en dirai plus certainement très bientôt !
B.G. Très bien également.
Parlez-nous de cette nouvelle gouvernance au sein de l’agence
O.S. En réalité, elle est en place depuis l’année dernière, mais on communique seulement maintenant. Comme tout changement, il faut en parler quand on est sûr que cela marche, ce qui est le cas puisque nous avons réalisé une bonne année 2023 en matière de business, de recrutement et plus généralement de maintien de l’esprit de l’agence.
B.G. Il s’agit d’une gouvernance à trois. Pierre-Olivier Pigeot prend la direction générale conseil, Thibault Saguez, qui nous a rejoints en 2017, prend la direction générale en matière de stratégie, de conseil et d’investissement financier. Et pour ce qui me concerne, je m’occupe de la direction générale de la création. L’avantage est que l’on se connait bien tous les trois et depuis longtemps : par exemple, Pierre-Olivier et moi cela remonte à 20 ans et l’on travaille très bien ensemble. De plus, notre trio est très complémentaire dans ses rôles, visions et expertises. On va vite, notamment sur des projets opérationnels. Avant, Olivier Saguez était tout seul à diriger. Être désormais trois à piloter signifie garder l’efficacité, mais avoir la capacité de développer encore plus. Depuis un an, on a eu le temps de bien se préparer pour tenir des sujets qui nous tiennent à cœur. Pour ce qui me concerne, je citerai l’hospitality, avec le Hilton de La Défense et également l’activité internationale que je redéveloppe fortement, car elle s’était logiquement ralentie pendant la crise sanitaire.
OS. Depuis la création de l’agence, j’ai été très sensible à la formation des équipes. Il faut transmettre une vision et une sensibilité bien spécifiques et par conséquent l’aspect pédagogique est important. Boris et Pierre-Olivier ont démarré à l’agence il y a une vingtaine d’années et sauront préserver avec Thibault l’intégrité de la marque Saguez, mais sans Olivier Saguez. Aujourd’hui, l’agence réalise 35 millions d’euros de chiffre d’affaires et on ne peut pas porter cela tout seul. La moyenne d’âge de cette gouvernance à trois est de 40 ans et c’est très bien.
B.G. Je précise aussi que derrière ce trio d’hommes, il y a des directions de pôle confiées à des femmes. Nous avons toujours voulu équilibrer la parité, qui est réelle au sein du Codir. Cette mixité, nous l’avons bien avec 71 % des équipes qui sont constituées de femmes.
Comment fonctionnez-vous ?
B.G. On se voit tous les trois toutes les semaines et on n’attend pas le GO de l’un des trois sur des décisions rapides à prendre qui relèvent par exemple des services généraux ou d’investissements mineurs. On s’est réparti les tâches qui concernent le fonctionnement interne. Ainsi, je m’occupe de la communication interne et de la représentation de l’agence auprès des publics extérieurs. Pierre-Olivier est chargé des services généraux et Thibault a la main sur le financier et les investissements.
OS. Les chantiers et les activités sont dans les mains de nos trois pôles : Lifestyle, Identité de la marque et Workstyle. Chaque pôle est relativement autonome et fait fonctionner son business. La direction de l’agence détient les services support.
B.G. On a des réunions de direction de pôles chaque semaine. Tous les deux mois, nous organisons un Codir élargi qui est une réunion permettant aux trois directeurs généraux d’échanger avec les directions des trois pôles sur les sujets d’actualité et points transversaux importants.
Parlez-nous un peu du développement international
B.G. Sur l’international, notre présence va s’amplifier. On est assez discret et on attend que les choses fonctionnent avant d’en parler. Mais cela fait quatre ans que l’on a développé un partenariat avec Dash Design aux États-Unis. Ils sont 25 personnes spécialisées dans l’hôtellerie et senior living. Ils sont très bons et c’est une carte de choix pour développer notre activité internationale sur l’hospitality. D’ailleurs, on a créé une filiale commune, Saguez & Dash, qui a réalisé quatre projets en quatre ans, ce qui n’est pas si mal si l’on tient compte de la crise sanitaire. On a beaucoup d’ambition, et on a livré notre premier hôtel Le Méridien à Tampa en Floride et on va bientôt livrer un très gros hôtel Sheraton à la Nouvelle-Orléans.
O.S. On est connu pour notre capacité à piloter de gros projets sur plusieurs années. Par exemple, on travaille pour Michelin sur la transformation de son site industriel de Clermont-Ferrand. Pour ce type de chantier, on monte des équipes avec des internes et des externes : c’est une constance de l’agence. On travaille très bien avec les services de design intégré, comme Westfield, qui savent nous faire travailler et que l’on sait faire travailler. L’avenir de nos métiers passe par une combinaison d’expertises design internes au client et internes à l’agence, à laquelle il faut rajouter les experts externes.
B.G. On a vraiment grandi et appris de nos clients. La vision holistique de nos métiers s’est renforcée avec des projets comme le TGV ou les palaces parisiens. Ces expertises cumulées s’affinent et se peaufinent au fil des années. Et l’expérience internationale est un démultiplicateur d’apprentissage. On va vite, on travaille en équipe. Du coup, on décide rapidement et c’est dans cette logique d’apprentissage que nous nous plaçons. L’activité internationale crée une énergie et une envie forte à l’agence.
O.S. 50 % de notre rémunération est externalisée avec le recours d’experts situés en dehors de l’agence. On doit uniquement faire que ce que l’on sait faire et confier le reste à l’extérieur : c’est un principe de base, et notamment à l’international.
Quels sont vos souhaits pour les cinq ans à venir ?
BG. On a chacun des ambitions différentes. Pour Olivier, c’est de nous faire encore plus confiance et se placer dans la prospective. De notre côté, c’est la réussite sur ces nouveaux secteurs à développer, dont l’hôtellerie à l’international. C’est aussi faire croître les secteurs de l’aéroportuaire ou de la mobilité. Et continuer à travailler sur nos métiers historiques comme le retail et le tertiaire.
OS. Pour moi c’est aussi aller encore plus vers un design responsable et social. Tout projet doit prendre en compte ces aspects. Il faut vendre en respectant la planète et le tissu social. C’est ce qui anime nos équipes. Mon rôle est de réfléchir et de donner du recul. Et puis, de partager mon expérience. Bref, de faire un métier d’homme pour les hommes. À hauteur d’homme comme dirait Le Corbusier. Un design accessible, social, durable, responsable et utile. C’est un combat d’être un designer utile, tout comme le boulanger est utile pour la cité. Il y a beaucoup à faire et l’Europe est un terrain de jeu formidable. Mais aussi tous les endroits de la planète où il y a des envies de transformation.
BG. Faire perdurer le style agence c’est aussi de continuer d’avoir cette approche pluridisciplinaire sur des projets comme la marque et les lieux de la marque. En cela, le graphisme restera pour nous une composante essentielle ! Ainsi, au-delà du design d’espace, nous continuerons à développer fortement le pôle marque afin de cultiver notre singularité. Enfin, dans le but d’attirer les talents de demain, l’agence doit demeurer un lieu d’apprentissage et de transmission pour les designers : une université permanente en quelque sorte.
Une interview de Christophe Chaptal
Article précédemment paru dans le Design fax 1320