Michaël Imbert, cofondateur de Storm Studio, explique pourquoi son agence de design global a la volonté d’intervenir sur tous les niveaux de l’entreprise.
Michaël Imbert, quel est votre parcours ?
M.I. J’ai aujourd’hui 12 ans d’expérience dans le métier du design. Cela dit, au départ, je ne me suis pas dirigé vers le design, mais plutôt sur le métier d’ingénieur, d’où mon BTS de Conception de produits industriels avec l’idée de travailler chez Renault où j’avais des ouvertures. J’ai d’ailleurs effectué plusieurs stages chez ce constructeur, et j’ai eu la possibilité de travailler sur la nouvelle Alpine. Ces premières expériences m’ont un peu frustré, car j’ai pu y voir beaucoup de directives et notamment l’obligation de respecter un cahier des charges strict : peu de création, mais beaucoup d’application. J’avais justement le désir d’aller plus loin dans la création, raison pour laquelle j’ai décidé de me diriger vers le design et d’effectuer un Master chez Rubika où pendant trois ans j’ai eu beaucoup de projets professionnels avec des sociétés comme Tefal, Noirot ou Nestlé. À la fin de mon cursus, j’ai rejoint un temps Decathlon, puis Electro Dépôt où j’ai démarré l’implantation du pôle design. C’était sans compter une grosse envie de me lancer à mon compte, avec la volonté de travailler dans une optique 360°, en intégrant le numérique, le produit et la marque, ce qui n’était encore très répandu à l’époque dans le monde des agences (nous étions fin 2012). C’est ainsi que j’ai cofondé Storm Studio avec Xavier Lamiche, camarade d’école avec qui je partage la même vision.
Quelle est la particularité de Storm Studio ?
M.I. L’approche 360° bien sûr, mais aussi, au-delà, ce que nous appelons le design de cohérence, que l’on pourrait qualifier de variante d’un design systémique. On gère une marque avec une approche business, en intégrant l’ensemble de ses composantes. Cela revient à créer des expériences tournées en particulier vers le produit, le numérique, le business et la communication. Autrement dit, nous créons des expériences d’entreprise portées par des stratégies design.
Quels sont vos projets actuellement ?
M.I. Par exemple, et cela vient de sortir, notre projet pour Elior. Il concerne de nouvelles offres culinaires pour les entreprises avec un tout nouveau concept de cuisines pour permettre aux salariés de notre client de vivre une expérience culinaire lors du déjeuner grâce à une approche de type food court, ou des offres de restauration intégrant beaucoup de nouveautés. La première installation vient de se faire chez Airbus Helicopters où passent en restauration 8 à 10 000 personnes par jour. Autre sujet, dans la Medtech, où l’on travaille pour Usense en matière de design global dans le domaine de la médecine augmentée et prédictive. De façon générale, on intervient beaucoup dans la Deeptech avec des start-up qui se développent bien comme MabSilico ou Adlin Science, sur des sujets de vaccins par exemple. On dispose, d’autre part, de tous les moyens qui permettent de concevoir, assurer le design, prototyper et lancer un produit sur un plan industriel. Pour le numérique, nous sommes en mesure de concevoir l’architecture, le design, le développement et la maintenance. Et pour la marque, nous prenons en charge l’architecture de marque, l’identité et la communication.
Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?
M.I. Depuis la fin de la crise sanitaire, nous sommes sur une croissance soutenue avec deux à trois embauches par an. À l’heure actuelle, nous sommes une équipe de six personnes avec un volant de freelances. Nous visons être une quinzaine de personnes en interne à l’horizon 2026. Notre but, à terme, est de proposer des pôles complémentaires, notamment dans les domaines du business et du marketing.
Quelle est votre vision du design ?
M.I. C’est le design de cohérence. Pour moi, le design doit être présent de façon structurelle dans une entreprise. Le design doit être un atome facilitateur, ou encore un électron libre qui sait apporter une solution à n’importe quel niveau, sachant qu’il convient de savoir bien le positionner. Le design de cohérence doit pouvoir maîtriser l’ensemble des composantes de l’entreprise – business, aspects légaux, stratégie, produit, etc. Le design doit travailler en binôme avec n’importe quelle discipline pour pouvoir pousser des solutions de façon pertinente et fiable. Un design multicasquettes, mais pragmatique. C’est d’ailleurs pour cela que Storm Studio n’est pas spécialisé dans un domaine particulier, mais intervient partout et à tout niveau.
Un message pour terminer ?
M.I. Storm Studio est en train de développer une franchise de sa marque pour aider de jeunes designers à se lancer, mais aussi des industriels qui veulent intégrer l’activité design. On va développer des agences à la fois internes et externes : on a l’ambition de créer un réseau consistant dans le design.
Une interview de Christophe Chaptal
Article précédemment paru dans le Design fax 1291