Muriel Houël, associée de Sowen, en charge du pôle Concept et Image, nous parle lieux de travail et transformation des organisations.
Muriel Houël, pourriez-vous vous présenter et présenter Sowen ?
M.H. Je suis diplômée de l’ESCP et ai suivi une formation complémentaire à l’École Boulle en design d’intérieur. Après un parcours marketing chez Henkel et Tom Ford Beauty, puis la création d’une société de conseil en architecture, The Good Work, j’ai rejoint Sowen comme associée en charge du pôle Concept et Image. Sowen se définit comme un créateur de lieux de vie pour les entreprises et, de ce fait, accompagne ses clients sur la conception et réalisation de leurs espaces de travail. La société compte actuellement 25 personnes et nous connaissons une croissance post-Covid très rapide parce qu’il a fallu repenser beaucoup d’espaces de travail du fait de la nouvelle donne présentiel-distanciel. Nous avons réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros.
Quel est le positionnement de Sowen ?
M.H. Notre parti pris sur le marché est une approche à la croisée des chemins entre archi d’intérieur, marketing et image. En d’autres termes, il s’agit de traduire dans l’espace l’ADN de la marque employeur. C’est avec cette approche très branding que nous nous positionnons sur les nouveaux modes de travail que sont le flex office, travail hybride ou les espaces de travail dynamiques. Nous sommes des experts du travail, ce qui veut dire que nous ne faisons pas de retail par exemple. On a une approche très marketée avec le côté à la fois très entrepreneurial et à taille humaine. Nos clients ne sont pas de grands groupes, mais des entreprises entre 50 et 400 collaborateurs. On est convaincu que l’espace de travail est un outil au service de la performance de l’entreprise qui permet de travailler différemment, de sortir de sa zone de confiance. D’autre part, on est très porté sur l’écoconception et donc nous générons de forts impacts en matière de RSE pour nos clients. Nous sommes également au service de la stratégie, en particulier dans des moments de pénurie de talents comme actuellement. Un espace de travail attractif est un avantage notable dans un processus de recrutement. À ce propos, on a créé des bureaux qui ne ressemblent pas à des bureaux traditionnels et qui sont à la croisée des chemins entre espace de travail et hospitality : on conçoit des lieux qui pourraient presque être assimilés à un motel ou à du résidentiel.
Quelle est la place du design chez Sowen ?
M.H. On a une équipe d’architectes d’intérieur et de designers qui tissent une relation étroite avec les clients. Pour chaque nouveau projet, on s’intéresse d’abord aux usages avec des phases d’immersion pour comprendre les usages d’aujourd’hui et de demain. On apprécie par ailleurs que les équipes de nos clients soient intégrées à nos projets pour lever toutes les réticences. Les collaborateurs sont intégrés avec des ateliers de co-création lors des phases de conception, en travaillant sur les plans ou sur les choix de finition. De façon générale, on est très dans le collaboratif, ce qui est l’essence même du design.
Comment voyez-vous évoluer les modes de travail ?
M.H. Avec le télétravail, beaucoup ont pu penser que le bureau était mort. Aujourd’hui, on sait que ce n’est pas vrai. Le nouveau bureau doit être le cœur battant de l’entreprise du point de vue des relations humaines. Le fait d’être au bureau correspond à des moments plus courts qu’avant, mais bien plus denses et marquants. Dans ce contexte, le bureau ouvre la voie à une nouvelle organisation du travail avec davantage de cohésion et d’engagement. C’est pour cela que les espaces de travail doivent être de plus en plus agréables, tant dans leur aménagement que dans le choix des matériaux utilisés. On doit donner envie aux collaborateurs de revenir au bureau !
Quel est le plan de route de Sowen dans les années qui viennent ?
M.H. On est une entreprise récente, créée en 2017 par un couple, Pierre-Alexandre et Géraldine Pillet. On tient absolument à rester une structure à taille humaine, avec deux axes forts, écoconception et RSE. Et en la matière, il y a beaucoup à faire, notamment du point de vue du sourcing, tant des matériaux que du mobilier. Nous arrivons bien à sourcer les matériaux en local, mais c’est plus compliqué pour le mobilier que nous approvisionnons en grande partie d’Europe : nous serions heureux qu’une offre locale se développe davantage. Actuellement, le made in France on a du mal à être compétitif, mais les délais et les coûts de sourcing qui s’accroissent vont de toute façon encourager la production en local. Et puis, la dimension RSE prend tellement d’importance que les entreprises vont également pousser pour développer cette dimension locale. D’autre part, on va intensifier notre expertise pour ce qui concerne les nouveaux modes de travail, en particulier avec le renforcement des veilles et le développement de la partie conseil, au-delà de la phase de recherche immobilière que nous menons actuellement pour aider les RH de nos clients.
Une interview de Christophe Chaptal
Article précédemment paru dans le Design fax 1257