Emmanuelle Lacaze, présidente de Gédéon, et Laurent de Lorme, directeur du marketing et des antennes du Goupe M6, nous parlent du nouveau branding de Fun Radio.
Emmanuelle Lacaze et Laurent de Lorme, quelle était la problématique de départ pour ce nouveau logo Fun Radio ?
L.D.L. Sur Fun Radio il y avait un fort enjeu car c’est une identité puissante et complexe. Comme beaucoup de marques dans le domaine de la radio, elle avait peu évolué. Fun Radio n’avait pas bougé depuis plus de 20 ans, le dernier logo datant de 1999. Il avait été réfléchi principalement comme une marque de print. Notre premier enjeu a donc été de penser le nouveau logo pour le digital et la vidéo, canaux sur lesquels une marque radio comme Fun a une expression très forte. Disons, en synthèse, que nous avions besoin de moderniser la marque, tout en conservant les signes de son histoire et en maintenant sa reconnaissance.
E.L. On a en effet hérité d’un logo très années 1990 et la gageure était de passer à une proposition qui soit encore d’actualité dans 20 ans, compte tenu de la durée de vie des logos radio. Nous avons conservé les valeurs de marque et sommes repartis du logo originel, qui était à plat et en diagonal, et dans lequel nous avions plein d’ingrédients intéressants, notamment une dynamique positive orientée vers le haut. Concernant le travail de création, il était impératif que la reconnaissance soit évidente lorsque le logo est en mouvement, car la marque est nécessairement dynamique. J’insiste d’ailleurs sur ce point : la révolution aujourd’hui provient du fait que les logos sont en mouvement. On a donc travaillé sur un logo responsive et qui bouge sous la forme d’une boucle. Quant à l’image fixe, c’est une image arrêtée d’une partie de l’image en mouvement.
Comment s’est déroulée l’étude ?
L.D.L. Au préalable, je précise qu’il y a peu d’agences de branding de marques média en France, sans doute parce que c’est un domaine avec beaucoup de contraintes. On travaille donc pas mal avec Gédéon et on se suit de près – ils sont d’ailleurs intervenus sur W9, M6 Music, M6 ou Téva. Pour en revenir à l’étude, Fun Radio est une marque que l’on peut qualifier de bienveillante et solaire. Ce qui était intéressant avec Gédéon c’est que dès les premières propositions, on a reconnu la marque Fun. Il y a eu deux axes présentés, mais l’un a été choisi quasi immédiatement car il pensait vraiment la marque pour le digital et la vidéo, avec un véritable système graphique permettant de brander sur n’importe quel format et support avec une banque de seulement trois à quatre outils. Au final, quel que soit le moment de contact, la nouvelle marque Fun est reconnaissable.
E.L. Sur M6 on avait pris beaucoup de temps – un an – pour aboutir à la nouvelle identité. Sur Fun on a été beaucoup plus rapide car le brief était parfaitement clair et nous n’avons pas eu besoin de discussions stratégiques en amont. Il peut y avoir des projets où l’on multiplie les pistes, mais là on a eu une conviction très forte dès le départ.
Votre sentiment sur ce nouveau logo ?
L.D.L. Il fallait précisément déterminer où l’on plaçait le curseur en matière d’évolution et de changement de code. M6 étant une maison très fortement ancrée sur la finalité, nous apprécions fortement le résultat en fonction de son aspect et de son exécution. Je trouve qu’il y a beaucoup de changement sur le nouveau logo, même si la référence au logo d’origine est très claire. Pour l’anecdote, j’ai eu la chance de présenter le nouveau logo aux équipes d’animation de Fun. À la fin de la présentation, on sentait une réelle émotion. Il y a un mot interdit chez Fun, c’est énergie (ndlr : référence à NRJ, radio concurrente), mais disons-le : la nouvelle marque est vraiment énergique et fédératrice !
Des regrets ?
E.L. Honnêtement, aucune frustration sur ce dossier. On savait dès le départ ce que nous voulions faire passer et Laurent a beaucoup défendu notre travail en interne. Il faudrait juste que sur LinkedIn il y ait le nouveau logo ! Quand même, un regret : il n’y a pas eu de nouvel habillage sonore conçu spécifiquement pour ce nouveau logo, même si ce n’était pas dans le brief.
L.D.L. Pas de regrets pour moi. J’ai hâte que les prochains éléments de communication portent cette nouvelle identité. J’attends les deux ou trois grosses vagues télé pour que la marque devienne référente. Il faudra juste être vigilant à ce qu’il n’y ait pas de dérives dans les mois à venir en tombant dans la facilité en matière de déclinaison. Quant à l’habillage sonore dont parle Emmanuelle, précisons qu’il est très récent car conçu par les équipes de Fun quelques mois avant le lancement de la nouvelle identité.
C’est quoi le futur de la radio ?
L.D.L. Elle va totalement sortir des endroits d’écoute traditionnels comme la voiture ou le transistor pour investir tous les supports, que ce soit en direct ou via le podcast. D’autre part, Fun est une radio de divertissement et si l’on sait accompagner l’auditeur tout le long de son temps libre on a un bel avenir devant nous.
E.L. On entend souvent dire que la radio va bientôt mourir. Je crois que lorsque l’on a une marque forte, on ne peut pas mourir, car une marque qui demeure forte signifie qu’elle a su évoluer. Et puis, quand une marque sait éditorialiser, elle se garantit forcément un avenir intéressant.
Un message pour terminer ?
L.D.L. J’engage tous vos lecteurs à refaire un peu d’écoute de Fun. Nous sommes sur une cible de 25/35 ans, c’est-à-dire une bonne partie de votre lectorat !
Une interview de Christophe Chaptal
Article précédemment paru dans le Design fax 1205