AD Éducation : de A à Z

Rencontre avec Kévin Guenegan, président de AD Éducation, qui fait preuve d’un dynamisme certain dans sa politique d’expansion. Explications.

Kévin Guenegan, quel est votre parcours ?
K.G. Je ne suis pas designer ! J’ai fait HEC et ai travaillé dans le monde de la finance. Mes parents ayant créé l’École de Condé et désirant partir à la retraite, je leur ai proposé en 2009 de reprendre l’école. Mon objectif était d’en faire une grande école de design. 

Quelle a été votre feuille de route ?
K.G. Nous avons d’abord fait grossir l’École de Condé en la faisant passer de Bac +3 à Bac +5, en innovant et en développant de nouveaux cursus pour aborder les segments de la photo, de l’illustration et du cinéma d’animation. En parallèle, nous avons accru notre qualité pédagogique avec des intervenants experts reconnus dans leur domaine. Nous nous sommes également étendus géographiquement à Bordeaux et Nice avec Créasud et à Toulouse et Marseille avec Axe Sud. En parallèle, et plus particulièrement en matière de design, nous avons eu la volonté de voir ce qui se passait ailleurs et avons repris en 2012 l’IAAD à Turin (la plus ancienne école de design automobile en Europe). Et puis, nous nous sommes ouverts à d’autres champs de la création en montant de zéro en 2011 l’École Supérieure du Parfum à Paris et à Grasse, avec l’idée d’établir des synergies avec nos autres écoles (branding, packaging, etc.). En 2014 nous avons repris l’École Supérieure de Publicité qui avait un projet intéressant, qui s’est concrétisé sous la forme de l’École Supérieure du Digital, présente à Paris, Lyon et Bordeaux. Là aussi, nous y développons des synergies entre graphistes, designers et publicitaires. En 2016, nous reprenons l’EAC, école spécialisée dans le marché de l’art et le management culturel, qui avait en son sein l’Institut National de Gemmologie. En 2018 nous reprenons l’ECV, école bien connue dans le design graphique, le digital, l’animation et les jeux vidéo. Ayant toujours dans le viseur le développement international, nous avons repris CEV, une école présente à Madrid et à Barcelone, spécialisée dans l’audiovisuel, l’animation et les jeux vidéo. Enfin, cette année, nous reprenons trois écoles – CES en Espagne, spécialisée dans l’audiovisuel et les jeux vidéo et qui démarre dans le design graphique, Academia Italiana, école notamment spécialisée dans la mode et HMKW en Allemagne, école de communication et de communication visuelle.

Comment se situe le groupe AD Éducation ?
K.G. AD Éducation est groupe situé dans le domaine de l’éducation créative avec 15 000 étudiants répartis dans quatre pays, dont la moitié dans les filières design et art graphique. Nous réalisons plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires avec une équipe pédagogique très décentralisée et adaptée aux besoins et demandes de chacune de nos écoles. En 10 ans notre taille s’est décuplée. Pour information, nous sommes accompagnés par un fonds d’investissement qui détient une participation minoritaire. En termes de classement, nous sommes le n°2 européen, après Galileo, sur le segment de l’enseignement créatif.

Votre philosophie en matière pédagogique ?
K.G. De manière générale on croit beaucoup à la porosité des différentes filières créatives : les matières s’enrichissent les unes les autres. Il est en effet important de faire participer les étudiants de nos différentes écoles à des projets communs. Deuxième axe : la mobilité géographique ou culturelle. Nous voulons développer des parcours internationaux pour nos étudiants afin qu’ils puissent baigner dans différentes approches et façons de faire. Troisième axe, la qualité pédagogique qui est pour nous déterminante. Nous dispensons beaucoup d’heures de cours et accordons une grande attention au suivi pédagogique.

De nouveaux projets ?
K.G. On a toujours beaucoup de projets. De nouvelles formations, de l’innovation pédagogique : ainsi, par exemple, nous mettons l’accent en design d’espace sur la réalité virtuelle, car nous estimons que demain il y aura une demande en la matière de la part des agences. Notons que, du fait de notre taille, nous avons la liberté de créer des formations de niche. Et puis, nous avons encore beaucoup à faire en termes de croissance sur le marché européen et souhaitons également compléter notre offre, notamment en France, dans les domaines de l’audiovisuel, des arts culinaires et des métiers d’art en général.

Une interview de Christophe Chaptal

Article précédemment paru dans le Design fax 1164