Philippe Cahen, créateur-conseil en prospective auprès des entreprises, nous entretient régulièrement de ses interprétations de petits signes de l’actualité (les signaux faibles) qui risquent d’avoir des conséquences demain.
Et c’est toujours un régal que de lire ses pensées.
Voici sa dernière livraison. Merci Philippe !
Signal faible 1 : le temps
Deux livres majeurs sont sortis en juin sur le temps : « Trop vite » de Jean-Louis Servan-Schreiber et « Accélération » de Hartmut Rosa. Ce n’est pas un hasard : nous vivons un raccourcissement du temps qui nous effraie tant en entreprise qu’en individu.
Interprétations qui en font un signal faible : selon que l’on prend l’option de récupérer son temps par exemple en ne rendant en tant qu’entreprise des résultats qu’en semestriels ou annuels, en tant qu’individu en sachant couper son portable ou que l’on prend l’option de continuer à réduire le temps en le remplissant encore plus ou que …
CBI Technologies
Signal faible 2 : temps et confiance
Visioconférences, courriels, … tout cela fait gagner du temps mais selon une étude américaine perdre de la confiance. La confiance se retrouve avec le contact physique.
Interprétations qui en font un signal faible : selon que l’on se dit qu’avec le temps les usages des TIC seront discernés, que les codes du travail sont différents des codes de l’univers personnel, etc.
Signal faible 3 : Carrefour a pris son temps
D’après la presse et des visites de points de vente (Ecully, Hypercash, etc.), Carrefour met en place des hypothèses de transformations de ses hypermarchés que j’avais listées il y a 5 ans au moins : bulletin de l’Ilec n°362, février 2005.
Interprétations qui en font un signal faible : le propre de l’interprétation d’un signal faible n’est pas d’avoir tord ou raison immédiatement, mais d’aider l’interlocuteur de l’entreprise à agir. Dans le cas présent, les hypothèses de 2005 sont dépassées.
Signal faible 4 : meuble et e-commerce
Ce mois de juin, PPR prend une participation dans Myfab qui s’approvisionne directement en Asie, donc à prix bas. Myfab pourrait avoir un lien sur le site de Conforama, filiale de PPR dans la distribution de meuble. Ce même mois, les matelas Treca annoncent créer des collections de meubles haut de gamme et se retirent de But et Conforama qui pourtant représentent 30 % de ses ventes en France.
Interprétations qui en font un signal faible : soit le commerce de meuble va vers la virtualisation aussi étonnante que celle de la chaussure, soit le meuble souffre du coût en stock et en espace, soit le meuble de gamme moyenne est en voie de disparition, soit …
Signal faible 5 : du « green » au « smart »
J’avais expliqué que le green ne fonctionnait que par le greed, mais qu’il ne fallait pas le dire. En fait c’est le smart qui semble être le gagnant. On connait le smart grid, le réseau électrique intelligent qui permet en fait de sauver des villes de la panne en suggérant aux consommateurs de moduler leurs horaires de consommation. Le « U-Smart Way », c’est le projet de Séoul de réguler la circulation des véhicules avec des véhicules autoguidés et donc pris en charge : économie de temps et d’énergie à la clé !
Interprétations qui en font un signal faible : exercice d’été : imaginez un « monde smart » … pour les transports, l’énergie, la consommation, l’éducation, etc.
Signal faible 6 : les 3 « enc… » du mois
Des trois auteurs, deux ont pris la porte (Didier Porte et Anelka) et l’autre 35 heures de travaux d’intérêts généraux.
Interprétations qui en font un signal faible. Le langage évolue : « enfoiré » était une insulte avant 1986. Le sexe de la femme – con – est entré dans le langage courant. Reste que la confusion entre le langage intime et le langage social convenu rejoint le signal faible sur « temps et confiance ».
Signal faible 7 : le pétrole BP bientôt sur nos côtes ?
La nappe de pétrole dans le Golf du Mexique contournera bientôt la pointe de la Floride pour remonter la côte Est des Etats-Unis.
Premier problème, les Centrales Nucléaires en bordure de l’Atlantique : leur prise d’eau froide est faite pour aspirer de l’eau de mer, pas un mélange d’eau et de pétrole. Si la source froide n’est plus alimentée, il faudra arrêter les réacteurs ; si la source froide n’est alimentée que partiellement, dans le doute il faudra aussi arrêter les réacteurs.
Avec le Gulf Stream et la dérive de la nappe vers l’Europe, même scénario en France trois mois plus tard pour Gravelines, Penly, Paluel, Flamanville et Le Blayais. Le pétrole sera certes plus dispersé, les composants les plus lourds seront au fond de l’océan…
Mais sur le principe est le même : on en reparle à la fin de l’année 2010…
Pour en savoir beaucoup plus voici Le site de Philippe Cahen