HISLE : design éclairé

Gaël Reyre vient de reprendre, avec Nicolas Dreyfus, le fabricant de luminaires HISLE. Elle nous en dit plus sur son parcours ainsi que ses ambitions avec cette acquisition.

Gaël Reyre, quel est votre parcours ?
G.R. J’ai travaillé 24 ans à Marie Claire Maison où j’ai dirigé le style. Puis, il y a 5 ans, j’ai bifurqué vers une activité en architecture d’intérieur. Mais, le produit en tant que tel m’a très vite manqué, ayant toujours été à l’affut des nouveautés et des tendances : cela fait 25 ans que je parcours les salons et évènements pour trouver des pépites ! Et pour la petite histoire, mes grands-parents étaient les éditeurs de Charlotte Perriand (ndlr : la Galerie Steph Simon) et cela a certainement dû jouer dans mon attrait pour le produit. D’autre part, en classant des papiers de famille, je suis tombée sur les plans d’une table de Charlotte Perriand et je me suis alors dit qu’au fond de moi-même j’avais toujours voulu faire de l’édition.

Pourquoi avoir repris HISLE ?
G.R. Au départ, je me suis posé la question de monter mon entreprise de toutes pièces, mais très vite j’ai opté pour la reprise d’une maison existante. J’ai donc cherché une société d’édition de mobilier, et puis, rapidement, le luminaire s’est imposé, car ce produit permet d’imaginer des concepts visionnaires et en ligne avec mon métier d’architecte – la lumière est en effet essentielle pour magnifier un espace. Différents critères étaient importants pour moi, comme le fait que la marque soit belle et qu’elle assemble en France. Plusieurs sociétés étaient des candidates possibles, dont HISLE qui m’a tout de suite plu. De surcroît, mon compagnon, qui est issu de la banque, cherchait également une société à racheter dans son domaine. Mais, quand il a vu HISLE, il a été emballé et a décidé de foncer avec moi, et c’est comme cela que nous sommes partis pour une acquisition qui a été effective au 31 mars dernier. 

Parlez-nous de HISLE
G.R. HISLE est une société de 12 personnes, dont 8 à Vannes au siège social, pour la R&D, le commerce et la communication. 3 autres personnes sont à Bron, près de Lyon, où se trouve l’atelier d’assemblage,  au cœur d’un tissu dense de fournisseurs. Toujours aujourd’hui, c’est principalement le fondateur, Hervé Isle de Beauchaine, qui dessine la plupart des lampes et fait intervenir quelques designers extérieurs. Hervé va nous accompagner 3 ans comme DA et on va continuer à faire appel à des designers extérieurs, avec l’idée de découvrir les talents de demain. Précisons que c’est HISLE – avec Fatboy – qui a inventé la lampe de table rechargeable. Cette lampe, que nous avons appelée Luxciole, contient une carte électronique ainsi que des LED qui ont été étudiées spécifiquement pour procurer une lumière faisant parfaitement ressortir couleurs et reliefs, le tout avec des matériaux très qualitatifs. Dès sa sortie en 2011, la Luxciole est devenue iconique, ce qui fait que de grandes marques du luxe nous ont demandé de faire des lampes pour eux. HISLE est désormais très reconnu par les acteurs du luxe. Mais on ne fait pas que de la série, on accompagne également des architectes sur des projets spéciaux, comme l’Opéra de Paris, des mairies ou des gares. Nous avons également toute une partie de pièces uniques, car Hervé est un artiste qui aime faire des sculptures lumineuses à base de pièces de récupération. Pour résumer, notre positionnement est haut de gamme, avec des produits de qualité, travaillés avec des fournisseurs français ou européens. Nous réalisons des modèles uniques, du sur mesure, de la série et, enfin, de la marque blanche pour le luxe.

Quelles sont vos ambitions pour les années qui viennent ?
G.R. Mieux faire connaitre la marque HISLE. On va ouvrir un showroom à Paris et on va mettre en place une politique commerciale qui n’existait pas jusqu’à présent, car les clients venaient d’eux-mêmes. Il y a un gros potentiel chez HISLE, notamment avec l’export, même si nous sommes déjà présents dans 250 points de vente à l’étranger. Toutes ces actions vont nous permettre de développer notre activité et donc le chiffre d’affaires. 

Quelle est votre vision du design français ?
G.R. On a des designers incroyables en France, même si l’on parle toujours un peu trop des mêmes. Il y a une grande envie de faire, d’autant que de plus en plus de designers pratiquent l’ingénierie. C’est formidable, car cela permet de concrétiser une idée dans les meilleures conditions. Pour nous, design et ingénierie sont indissociables.

Un message pour terminer ?
G.R. Il faut absolument faire rayonner le design français, et en parallèle le tissu industriel français. La France ne doit pas rester sur ses acquis : on doit avancer et continuer à rayonner. 

Une interview de Christophe Chaptal

Article précédemment paru dans le Design fax 1365