Rencontre avec Dominique Royet et Guillaume Gozé, co-fondateurs de Hyssop, dont l’objectif est d’accélérer la transformations RSE des entreprises en se servant notamment du design.
Dominique Royet et Guillaume Gozé, quels sont vos parcours respectifs ?
D.R. La première partie de mon parcours se situe dans le marketing et le commercial, notamment chez Disney et le WWF pour agir sur des produits de la marque et ensuite travailler davantage sur le fond en matière de problématiques environnementales et sociétales. Puis j’ai cofondé GreenFlex, cabinet conseil en développement durable et ai rejoint Max Havelaar comme directrice générale pour la France. Après cela, j’ai travaillé chez Pixelis pour monter Sustainable Brands dans le but d’embarquer le top management des organisations dans les problématiques RSE (ndlr : responsabilité sociétale des entreprises), et pas seulement les fonctions directement concernées. Mon parcours, finalement, est très axé accompagnement des entreprises dans leur transformation en termes de RSE, avec deux leviers clés : d’abord agir, passer à l’action en matière de RSE, et pas seulement réfléchir pour des impacts positifs environnementales, écologique et sociétale concrets ; ensuite, la conviction que les solutions ne se trouvent pas en restant autocentré. Il faut mettre autour de la table des intelligences artistiques et pas seulement académiques. C’est autour de ces deux points que je considère comme structurants que j’ai monté Hyssop avec mes deux associés, Guillaume Gozé et David Garcia..
G.G. J’ai pour ma part eu un parcours très publicitaire et marketing. Je suis passé d’abord par Eurostar où j’ai été directeur de la communication. Je suis ensuite passé en agence chez BETC puis chez Saguez & Partners comme associé sur la partie stratégie. Puis, je suis parti à aux USA pour monter la filiale new-yorkaise de Kettle en Californie, notamment sur la refonte de l’App Store, avec une démarche de contenu très construite, le tout drivé par du design de sens. Je suis revenu en France pour intégrer 14 Septembre comme directeur de la stratégie et du contenu. En me retournant sur mon parcours, j’ai noté que je me posais à chaque fois la question de ce que l’on pouvait faire pour la planète. On s’est donc retrouvés avec Dominique sur cette réflexion de comment de générer de l’impact et de l’engagement collectif. D’où le nom de notre structure – Hyssop – qui fait référence à une plante très essaimante et stimulante (ndlr : hysope ou hyssop en anglais est une plante originaire des régions méditerranéennes qui pousse sur des terrains secs, arides et rocailleux).
Parlez-nous d’Hyssop
D.R. Nous avons une spécificité qui est au cœur de notre écosystème. En effet, il y a pas mal d’agence spécialisées en RSE qui s’essaient à la com et pas mal d’agences de com qui veulent aborder de la RSE. Nous, nous combinons les aspects stratégiques et de communication, plus l’aspect créatif que nous avons intégré. Nous avons un tropisme RSE en amont, nous savons vérifier que ce que veut dire pour une organisation que de communiquer en termes de RSE en cohérence par rapport à ses valeurs. L’avantage d’Hyssop réside en un large carnet d’adresses, du fait de la complémentarité des associés, nous sommes capables d’identifier tout de suite la compétence clé en fonction de la problématique à traiter.
G.G. On est sur les vrais leviers de changement : on a un vrai fond, au-delà de la « simple » forme. J’ai dans le sang le geste d’exagération et de la preuve – liées à mon expérience chez sauez & Partners. Chez Hyssop, on veut vraiment inciter les gens à agir différemment et les entreprises à mieux appréhender la RSE. On veut travailler sur des preuves concrètes.
Vos ambitions à 5 ans ?
D.R. Faire disparaître la RSE parce qu’elle sera naturellement ancrée au cœur de l’entreprise. On est très axé partenaire, notamment avec Codesign-it qui est actuellement avec qui nous intervenons sur le SIAL (ndlr : Salon international de l’alimentation).
G.G. Tout à fait : on veut être l’agence RSE qui fasse disparaître la RSE. On ne cherche pas à grossir mais à créer un véritable écosystème de partenaires. Au WWF on était une dizaine de personnes et tous les collaborateurs que j’ai embauchés ont diffusé partout. Pour nous, c’est la diffusion de la RSE qui compte. Par exemple, si demain la RSE doit passer par une école, he bien on fera une école !
Comment intégrez-vous le design dans votre démarche ?
D.R. Du design on retient avant tout l’aspect du test and learn. Autrement dit, rien ne se fait dans l’entreprise sans l’appropriation. Une petite action super appropriée peut faire naître un gros impact, plus importante que des postures stratégiques non suivies d’effets. La démarche du design est très intéressante sur cet aspect
G.G. Nous avons une méthode que nous avons labellisée : Future by Design, ce qui indique que le design est une manière très intéressante de réfléchir et de changer les règles du jeu. Réfléchir en termes de design est aussi l’occasion de travailler avec des acteurs très différents de tirer la richesse de groupes de travail hétérogènes. On préfère essaimer 10 projets, faire du « swarm », que de tout miser sur trois gros projets mastodontes.
Votre vision du design français ?
D.R. Je ne suis pas une spécialiste du design mais je constate qu’actuellement le design infuse très lentement au sein des entreprises.
G.G. On a un patrimoine incroyable en France, mais les designers français ne sont pas toujours engagés sur les bons combats au bon moment. On est encore trop dans le star system. Heureusement, il y a toute une nouvelle génération de designers de service qui sont sur le terrain et qui font vraiment un boulot formidable.
Un message en particulier pour terminer ?
D.R. La bonne recette pour faire bouger les lignes réside dans la combinaison entre design et RSE.
G.G. Designers, vous pouvez vraiment faire bouger les choses !
Une interview de Christophe Chaptal
Article précédemment paru dans le Design fax 1173