En ouvrant mes volets sur une rue de Paris, un matin, il y a un mois, une tâche couleur rouge orange vif sur le trottoir d’en face attire mon œil. Campé perpendiculairement au trottoir entre deux voitures, c’est un véhicule jamais encore rencontré. Un peu plus tard, je vais voir de plus près ce nouvel objet non identifié : un vélo électrique. Il porte le nom de « Jump », puis je lis « by Uber » (Uber deviendrait-il donc une marque de luxe ?).
Le Parisien du 10 avril m’apprend que Uber, géant californien, envoie 500 vélos électriques et 500 trottinettes dans la capitale. Sur son appli le site Uber m’explique en effet :
« Vous pouvez désormais trouver et louer un vélo électrique à l’aide de l’application Uber… Faufilez-vous plus rapidement dans la circulation, gravissez plus facilement les collines et atteignez votre destination sans effort. Les vélos JUMP sont équipés d’une assistance électrique au pédalage. Ils sont également dotés d’un antivol et d’un GPS intégré. Ils sont ainsi faciles à trouver à proximité et à utiliser pour vous rendre où vous souhaitez. Allez plus loin, plus vite, de façon plus amusante. »
Voilà en quelques mots le nouvel enjeu. Ailleurs, je lis les mots « mobilité partagée », « free floating » et « micro-mobilité ».
La mobilité partagée est la manière de se déplacer à l’aide de moyens de transport partagés.
Le free floating : le groupe IXOW, s’occupant du développement du vélo en ville nous en propose cette définition : ce sont des vélos en libre-service sans station (ou sans borne) disponibles partout en ville et à toute heure de la journée… Les services de vélos en free floating sont aussi qualifiés de “dock less” (sans borne).
Cela concerne aussi d’autres modes de transport : scooters électriques, voitures et autres moyens de « micro-mobilité »… tout cela à partir du désormais courant « téléchargement d’appli » sur nos smartphones, de plus en plus lourds de tout ce qui fait nos vies : manger, sortir, voyager…
Aussi je décide de recenser dans mon quartier (dans un rayon de 300m à peine) tous ces objets de design mobile, électriques ou pas, et connectés qui depuis quelques temps envahissent nos rues et nos trottoirs.
A côté des bornes pionnières des nouveaux Vélib, objets de nombreuses critiques lors de leurs mises en place, je trouve donc plusieurs types de vélos, moobike ou Ofo, de scooters Cityscoot ou Coup, de voitures Free2move ou moovin.paris…
Le site de la ville de Paris a récemment annoncé l’arrivée d’un nouvelle offre de système d’autopartage : Mobilib.
La palme des nouveaux objets de mobilité partagée revient quand même aux trottinettes électriques. Elles s’appellent Lime’s, Jump, Voi, Bird, Dott… elles sont partout, on les trouve sur les trottoirs, dans toutes les positions : debout, parfois rangées, couchées, en travers, au milieu du trottoir, par 2, par 10…
Le blog micro-mobility nous propose cette explication de l’origine de la trottinette : La trottinette appelée aussi « patinette » a été créée dans les années 30. L’origine du mot « trottinette » vient du terme « trottin » qui désignait une employée de maison chargée d’aller faire des courses en ville. Pour ce faire, elle devait « trottiner » fréquemment, c’est-à-dire faire des petits pas pressés !
La SNCF s’engage aussi sur le sujet en proposant des récompenses en heures de trottinettes.
Côté design, les produits Uber sont assez élégants ; une constante est la pointe de couleur vive : rouge, orange, jaune , vert… il faut que l’objet soit vite repérable, dans leur famille et par tous. Leur nom, souvent à consonance internationale, évoque l’élan et la liberté : Jump/sauter, bird/oiseau… Le design doit incorporer leur système électrique et de connexion. Parfois elles s’illuminent dans la nuit dans une luminosité disco.
Mais les couleurs vives de ces objets tiennent peu face aux traitements d’usage qui leur sont infligés. La plupart subissent peu d’égard et finissent par terre au pied des arbres ou même dans la mer comme j’entendais ce matin à Marseille !
Alors ceci est-il un admirable design ? Oui, si c’est une réponse à nos besoins de limiter la consommation et la pollution des voitures en ville. C’est un enjeu de notre temps. Mais qu’en est-il de ces nouvelles pollutions par la prolifération d’objets visibles en libre service sur la voie publique des « piétons » (le terme est désuet, il faudrait peut-être le renommer) sans évoquer ces couloirs d’ondes invisibles wifi qui maintenant nous enveloppent de toutes parts ? Les problèmes de circulation et stationnement posent la question de l’éducation sur la notion d’objet partagé. Il existe une fédération des professionnels de la micro-mobilité avec laquelle doivent certainement négocier ceux qui sont en train d’établir la nouvelle réglementation.
La diversité des propositions pour les usagers est intéressante, mais en réponse à ces solutions individuelles, les transports en commun, espace de partage collectif et multi générationnel, réagissent et proposent par exemple ces jours-ci leur nouveau réseau de bus à Paris.