Art, culture ? Zéro avenir en France ?

Cet article de « notre » prospectiviste préféré auprès des entreprises, exprime un sentiment fort – donc un parti-pris – sur la perception de l’art, quelque soit sa formes, en France pour les années à venir… Cela nous concerne directement.
Lisez-le il bouscule les idées reçues et avouons-le, il dessine des perspectives plutôt alarmantes. Le monde politique peut-il se réveiller de sa torpeur ?
Heureusement qu’il y a le design !

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Je définis ici l’art comme le complément de la technique, l’art suggère un idéal esthétique. La culture apporte le sens critique au domaine artistique comme scientifique, philosophique, littéraire. L’économie de la culture est plus directement celle de l’art. C’est pourquoi ici, art et culture sont rapprochés.

Signal faible 1. Les arts sous toutes leurs formes entrent dans la richesse d’un état. Imaginons que l’on supprime les arts en France. Que serait la culture française ? Que viendraient visiter les touristes ? Les États-Unis entrent l’art (et la R&D) dans le calcul du PIB et augmentent ainsi leur PIB de 3 %. Art et R&D sont des investissements d’avenir aussi bien en production (et vente) qu’en culture. À la lecture des lignes ci-dessus, vous avez imaginé la culture du passé et non celle du présent… C’est bien une interrogation majeure française.

Signal faible 2. La valeur ajoutée. Je n’irai pas comme le Ministère de la Culture, en janvier dernier, démontrer par un artifice grotesque que la culture représente sept fois la valeur de l’industrie automobile. Agriculture (et industries alimentaires) plus culture représenteraient la moitié de la valeur ajoutée de l’économie française ! Et l’hôtellerie restauration 20 % … Restons-en au complément de la technique et non à l’ensemble. On dit que l’intervention d’un grand architecte augmente le coût d’un bâtiment de 3 à 10 %.
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Signal faible 3. Les emplois. Si l’on sait (janvier dernier) que les emplois en R&D ont baissé en 2013, dans l’art et la culture il n’y a pas de calcul similaire. D’ailleurs, comment calculer la part de culture ou de l’art dans un Airbus, un immeuble, une DS de Citroën ? L’art comme la R&D représentent le secteur quinternaire, une part de l’emploi. Le quinternaire est représentatif du futur qu’il faut chiffrer en valeur comme en nombre.

Signal faible 4. L’art en France est enfermé. Certes, les expositions artistiques sont nombreuses. Elles portent fréquemment sur la peinture et s’arrêtent à la moitié du siècle dernier (1950/1960). Les créations contemporaines (Lyon, Nantes, Lille, Saint-Etienne, …) sont enfermées dans des lieux discrets. Metz (Pompidou) et Lens (Louvre) sont des exceptions. La Chine a ouvert près de 400 musées en 2011.
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Signal faible 5. L’architecture fait peur. L’architecture est signe (signal faible …) de modernité. Quels sont les grands bâtiments inaugurés en France depuis le début du siècle ? Les architectes français (Jean Nouvel – Pritzker 2008, Christian de Portzamparc – Pritzker 1994, Jean-Michel Wilmotte, Nicolas Michelin,…) travaillent surtout hors de France. Visiter Chicago, Bâle, Glasgow a un sens contemporain, pas Paris. Quelques bâtiments, de taille modeste, s’ouvrent : l’auditorium de Bondy, le grand théâtre d’Albi, le conservatoire de musique d’Aix-en-Provence (septembre dernier), la cité des civilisations du vin à Bordeaux (mi-2016),… Heureusement, il y a eu le Mucem de Marseille en 2013. Mais que tout cela est rare et lent !

Signal faible 6. La culture est perçue comme une dépense inutile. Le politique l’a abandonnée depuis de nombreuses années. Quelques fréquentations record d’expositions cachent l’indifférence générale. La gratuité des musées de la Ville de Paris n’a pas élargi leur public (septembre 2013). Sarkozy et Hollande calculent leur temps de fréquentation du salon de l’Agriculture et mesurent la puissance des sifflets, mais leur présence en culture est quasi nulle. Les entrepreneurs qui investissent dans l’art (Pinault, Arnault, Leclerc, Ricard, …) sont plus critiqués qu’encouragés. Il faut rendre à la culture sa place dans le futur de la France.
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Signal faible 7. Une guerre de générations. Les nouveaux arts sont bloqués par les générations en place, qu’il s’agisse des générations de politiques, des générations économiques, des générations de diffuseurs. La bande dessinée a mis plus de 20 ans à débuter sa reconnaissance. Les graffiti ont mis tout autant. La musique contemporaine reste expérimentale. Le théâtre off d’Avignon se fait dépasser par la fringe à Édimbourg. L’art est international. L’art contemporain se vend à New-York, Londres, Pékin, Hong Kong. Paris est 5ème place et pèse le quart de Hong Kong, 7,7 % de New York (juin 2013 sur un an). C’est cette guerre de génération qui a rendu Drouot aveugle aux changements du marché.

Signal faible 8. Elargir le public en France. Augmenter les prix de l’Opéra, des musées, du cinéma, des expositions, c’est faire payer plus cher le public acquis alors que la démarche serait d’élargir le public. Elargir c’est éduquer. Quel dommage que France Télévision, sans contrainte d’écoute au-delà de 20h depuis plusieurs années, n’ait pas choisi de créer des émissions culturelles à 20h30 ! Quel dommage que l’éducation nationale ne programme l’exposition des œuvres d’enfants qu’à la maternelle … Parait-il qu’une étude de l’UE auprès de 27.000 européens montre que la pratique culturelle baisse en France…
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Signal faible 9. Elargir le public hors de France. La culture française intéresse hors de France et y connait quelques performances. En 2012, 54 % des films de plus de 10M€ sont tournés hors de France contre 30 % en 2011. Le cinéma d’animation français (Ernest et Célestine, Moi, moche et méchant) a une réputation mondiale, comme le jeu vidéo. Christie’ est contrôlé par la famille Pinault. Daft Punk a remporté 5 Grammy Awards en janvier dernier. Reconnaitre la culture française hors de France, ne pas connaitre la culture en France. Voila un signal fort ;-)