La complexification de la société au XXIe siècle (globalisation, modes de vie, culture…), combinée à la propagation des technologies du numérique, offre au design de nouvelles perspectives et questionnements. Mais de quel design est-il question ? Réponse à Tokyo où une expo extraordinaire nous invite à suivre un lapin (Bunny) dans un mélange de design, d’expériences futuristes, d’art et du monde numérique…
Amélie Le Bœuf à Tokyo vous invite à une visite guidée…
21 groupes d’artistes, d’architectes et de designers du monde entier ont réalisé des installations qui interrogent les phénomènes liés à la saturation de l’information … et à la place du design ou comment l’art contemporain et du design peuvent s’inspirer mutuellement…
« Bunny Smash, design to touch the world » c’est le titre de cette 14ème exposition, explore les technologies issues du numérique à travers la pratique du design au sens artistique mais aussi de propositions qui pourraient engendrer de nouveaux produits et services.
Loin d’être innocent, le titre de l’exposition fait une analogie entre « une expérience révélatrice » et l’entrée d’Alice dans un monde étrange, à la poursuite de ce lapin blanc.
Tels des Alice, nous sommes invités par un lapin à entrer dans un royaume décalé renversant nos perspectives et nos idées préconçues.
Voici quelques installations qui méritent un détour.
Une ville traditionnelle…de demain !
Le titre de cettte attraction veut tout dire : Learn from 1000 years. Return to live. Do not forget. Elle présente une vision de ce que donnerait une ville futuriste associant architecture moderne et traditionnelle du Japon après les événements du Tsunami de mars 2011, remettant en cause les structures modernes incapables de faire face aux catastrophes naturelles. S’inspirant du Château Himeji, les concepteurs sont persuadés que la reconstruction de la zone dévastée de Fukushima doit s’inspirer de l’ancien.
Cette réflexion est née après Les structures du passé, protectrices, semblent de nouveau dignes d’intérêt. S’inspirant du Château Himeji, les concepteurs sont persuadés que la reconstruction de la zone dévastée de Fukushima doit s’inspirer de l’ancien.
Gently Inverted World. oeuvre de Richard Wilson est probablement l’expérience la plus saisissante, celle qui marque le plus le visiteur, Un espace dont on ne peut occuper que le mince couloir métallique, est rempli d’une eau sombre, reflétant sans une ride le plafond et les fenêtres. L’artiste nous invite à poser nos propres règles d’interaction avec ce qui nous entoure.
Le design peut-il bouleverser la perception que l’on a du monde ?
Photomontages de Tsunehisa Kimura Ils suscitent un malaise, présentant des constructions irréelles, amenant aussi dans l’exposition, une réflexion sur le travail manuel à l’heure du design virtuel.
Le virtuel change-t-il notre manière de construire notre intuition ?
Le design du vivant ?
Pegasus Dancede Fernando Sanchez Castillo, évoque le rapport entre le pouvoir et la propagande, et dans le cas présent, le rôle des forces de l’ordre. Des véhicules militaires – terrestres et maritimes – sont présentés dans une danse quasi-comique, avec en fond sonore, une valse.
De l’immatériel au tangible
Le développement de nouvelles technologies semble s’accélerer ces dernières années et on aboutit à la création d’outils innovateurs, dont l’aboutissement bouleverse notre relation à la réalité. Il est certain que dans les prochaines années, le
Tangible Eart, est un globe terrestre de grande taille , avec une surface interactive. Accompagné d’un panneau de contrôle, le visiteur en pressant tel ou tel bouton, provoque des réactions sur la surface mobile de ce globe : tsunami, température terrestre… L’information est transmise via cette surface, ne laissant pas indifférent les visiteurs qui s’exclament et touchent la surface de manière hésitante.
L’expérimentation ludique
Rendre visible et audible le monde de la finance, tel était l’objectif de Trader, travail numérique et visuel impressionnant du groupe de créateurs Rhizomatiks . La projection visuelle des échanges de la Bourse de Tokyo en temps réel est saisissante et il est possible d’interagir avec celle-ci à travers un Ipad. Les achats et ventes sont transformés en images et sons. L’Ipad est l’outil test qui permet de devenir acteur de la bourse. On est face à une création artistique qui se tient entre art et design, entre œuvre et produit.
Immigration, guerres, maladies ou le design engagé…
Ces thèmes sont développés principalement par trois installations :
Brinco création de Judi Werthein, qui conçoit un modèle de chassures comme aide à la traversée dangereuse de la bordure Mexicaine vers les Etats-Unis. Ces chaussures sont dotées de boussoles, carte de la frontière sur la semelle, lampe, compartiments pour de la monnaie ou des médicaments. Données gratuitement côté Mexicain, elles sont vendues à 250 $ côté américain !
Commoditised Warefare de Yosuke Ushigome s’est intéressé aux conflits qui minent le monde, il a créé des imitation de jouet pour enfants, avec tous les outils qui entourent ces produits : emballages type jeux, slogans, publicités télévisuelles.
Pox Teddy de Mikael Metthey travaille sur la vision que la société a des virus et des maladies. Pox Teddy est un petit ourson mais aussi un outil médical permettant de vacciner les enfants de manière indolore contre la varicelle, lorsqu’ils jouent avec. Destinés aux parents, afin qu’ils soient en contrôle de la transmission du virus, cet outil se veut une nouvelle voie dans les discussions relatives à la vaccination (pour / contre) : changer les regards sur la maladie et leur transmission, changer les regards sur l’acte de vaccination. Du design humanitaire et ludique…
Vous avez compris, Bunny Smash est une expo à ne pas manquer par les designers qui ont la chance de passer par Tokyo…
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