Jean-Philppe Kirkor, est un de ces rares designers à être tombés dans la marmite où bouillonnent les caractères, les typos, les polices, les signes… S’il applique cet art aux packagings et identités de marques, il observe que la lettre peut habiller son homme ; ou tout au moins sa peau.
Typo ou tatouage ?
Typeaux
Notre époque moderne de surproduction d’images me réjouis sans cesse.
Que ce soit à la télé, sur le web ou dans la rue je découvre chaque jour de ma vie de graphiste, une bonne demi-douzaine de nouveautés qui s’accumulent et se répertorient dans l’onglet « image bank » de mon cerveau.
Récemment mon chapitre « typographie » s’est enrichie d’une nouvelle façon de vivre cette discipline qui m’est chère : le tatouage.
Loin des 3 points entre le pouce et l’index ou des initiales dans un cœur percé d’une flèche, la plupart des tatouages d’aujourd’hui sont l’œuvre d’artistes. Tel un Padawan, on accède au rang des professionnels reconnus en étant apprentis, plusieurs années, d’un tatoueur confirmé. Ce métier reste dans le cercle très restreint des activités qui ne s’apprennent ni à l’école, ni dans les livres.
Japonais, Maories, Black Tattoos, Old School, Dotwork, à chacun son style et ses inspirations. La typographie tient également une place de choix dans cet univers, pour exprimer une pensée, un état, une force, une passion ou plus simplement une émotion, l’Helvetica, le Trajan, l’Arial ou bien l’élégance d’une manuscrite sont là pour escorter ces créations indélébiles.
De nos jours, certains tatoueurs sont passés maître dans l’art d’appréhender cet exercice. Les virtuoses du dermographe de la Boucherie Moderne à Bruxelles, ont pour certaines de leurs pièces, une véritable approche de graphiste « print ».
Maxime Buechi, typographe et co-fondateur de B&P Typefoundry, se met au tatouage et effectue son apprentissage avec Filip Leu, reconnu comme étant l’un des meilleur tatoueur du monde !
Ces ornements corporels font partis de mon entourage, mon (très) cher ami Pat, tatoueur depuis presque une décennie, m’a piqué de son virus ineffaçable. Je ne peux nier l’influence de cette culture sur une partie de mon travail graphique.
Du Polynésien, ramené en Europe par le Capitaine Cook au XVII ème siècle au Dotwork, nouvelle tendance pointilliste, les styles se multiplient, s’enrichissent, évoluent et se croisent. Ils nourrissent ma production graphique comme, je pense, notre univers typographique et urbain alimente les créations de ces graveurs de l’éternel.
Je fonde cette corrélation sur deux niveaux, le premier est évidemment graphique et donc visible. Le deuxième, plus profond, est cette force qu’ont les tatoueurs à proposer et marquer pour la vie, un souhait visuel.
Je ne peux m’empêcher de créer un lien entre la création d’un logo et d’un tattoo. Le premier se doit d’accompagner son entreprise le plus fidèlement et le plus longtemps possible (gloire à ces créateurs de logos qui traversent plusieurs générations…). Le second accompagne sont propriétaire pour la vie. J’aimerais pouvoir me vanter que chacun de mes clients garde aussi longtemps la création qu’il m’achète !