Vos papiers ! Le point sur l’éco-édition…

Philippe Gandillon, Directeur du pôle Eco-édition à l’agence By-Agency, essaie d’y voir clair dans la nouvelle vague verte qui touche le domaine de l’édition, de l’imprimerie mais aussi de la création !

Faut dire qu’il y a de quoi s’y perdre…

Alors, suivez le guide… vert.

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Eco-édition, êtes-vous à la page ?

Nous vivons une époque formidable…ment verte. L’écologie, le développement durable, l’empreinte carbone, considérés autrefois comme des charges financières, proposent désormais des modèles économiques capables d’arbitrer entre performances d’entreprise et performances écolo. L’éco-édition ne déroge pas à la règle. En dépit des nombreux projets de dématérialisation de documents, le papier reste omniprésent en entreprise et les catalogues, brochures et autres rapports annuels ont encore de beaux jours devant eux sous ce format. La volonté de marier ces documents à la fibre écolo est désormais une réalité, mais qui s’est longtemps heurtée à des idées reçues. Une idée de qualité médiocre tout d’abord, dans le droit fil des premiers papiers recyclés et de leur couleur grisâtre peu sexy. Aujourd’hui, force est de constater que les éco-papiers n’ont plus rien à envier à la qualité du papier classique. Seconde idée reçue, le coût. Sauf que l’innovation technologique et l’engouement progressif du marché pour ces nouveaux papiers ont induit des économies d’échelle et comprimé le différentiel de prix à moins de 5 %. Reste la problématique, d’ailleurs légitime, de la mise en œuvre : la multiplicité des labels (FSC, PEFC, Imprim’vert, ISO 14001, etc.) complexifie les approches à l’éco-édition, jusqu’à parfois décourager les entreprises. Ainsi, plus que jamais, il devient urgent de clarifier ce qu’est l’éco-édition au travers de ses trois piliers : l’éco-conception, les éco-papiers et les éco-imprimeurs.

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L’éco-conception
L’éco-conception prend en compte les impacts environnementaux en amont d’un projet d’édition. Mené sous forme d’audit, un projet d’éco-conception définit des recommandations qui s’appliqueront aux documents papiers tout au long de leur cycle de vie. L’éco-conception analyse ainsi de manière pratique l’ensemble des aspects techniques (type et origine des encrages, grammage du papier, suppression des pantones) qui minimiseront l’empreinte écologique du document tout en valorisant une image réellement éco-responsable.

Cette phase est la première étape de tous les projets d’éco-édition, et elle implique une personnalisation aux spécificités de chaque entreprise. On évitera ainsi de préconiser une surface d’encrage trop importante si ce changement impacte directement le logo d’une entreprise ou marque… Dans le même d’esprit, le projet d’éco-édition peut se focaliser sur un seul projet spécifique à venir ou agir un périmètre plus large lorsqu’une politique de développement durable d’entreprise l’exige.

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Les éco-papiers
L’éco-papier fait souvent référence au papier recyclé, un matériau qui bénéficie d’un écolabel européen standardisé. Au-delà, les éco-papiers comprennent également les papiers issus de forêts gérées durablement. Ces papiers se regroupent sous deux principaux labels :

  FSC : recommandé par le WWF et de nombreuses ONG depuis 1993, ce label promeut une gestion forestière écologiquement appropriée, socialement bénéfique et économiquement viable. Il concerne 4 % des forêts exploitées dans le monde et bénéficie d’une bonne image internationale.

  PEFC : ce label, mis en place en 1998 par 6 gouvernements européens, des représentants de la filière bois et des associations, est le label de référence pour les forêts européennes gérées durablement. Il doit d’ailleurs être privilégié en France compte tenu de la proximité géographique et donc d’un allégement des charges de transports, ce qui réduit l’impact carbone du document final

Notons enfin que les papiers bénéficiant des labels de l’ange bleu allemand (Der Blaue Engel) et celui du cygne blanc des pays scandinaves (Nordic Ecolabel) rentrent également dans la catégorie des éco-papiers.

Les éco-imprimeurs
C’est enfin au cœur des processus d’impression que se joue l’éco-édition, d’autant que le respect d’un cahier des charges d’éco-édition n’est pas à la portée de tous les imprimeurs. Le label Imprim’Vert à été créé par les chambres consulaires, la FICG (Fédération de l’Imprimerie et de la Communication Graphique), l’Agence de l’Eau et l’ADEME. Il s’appuie sur une forte réduction de l’utilisation de produits polluants, le recyclage des déchets et la sécurité des installations. Notons que certains imprimeurs vont plus loin en obtenant la certification ISO 14001.

À quand une mire standardisée ?
Au final, le véritable moteur d’une adoption généralisée de l’éco-édition sera la création d’un label normalisé à l’échelle européenne, capable de faire la synthèse des différents labels. Marketplace Insight a mené pour le compte du papetier américain Monadnock Paper Mills une étude qui s’est notamment penché sur la connaissance et la crédibilité de 15 éco-logos. Seuls 5 de ces logos sont reconnus comme crédibles par plus de 50 % des répondants représentatifs de directions marketing / marque, d’agences conseil en design ou de designers freelance. On imagine des résultats semblables en Europe. L’avènement d’une telle mire risque néanmoins d’être chronophage, d’autant qu’il est également nécessaire de labéliser les processus d’éco-conception. Pour autant, les entreprises et organisations n’ont pas besoin d’attendre cette échéance pour tirer avantage de l’éco-édition, un vecteur particulièrement différentiant sur le marché.