Elie Papiernik (Centdegrés)

Elie Papiernick dirige une agence de design, Centdegrés, qu’il a cofondée en 1988 avec son ami David Nitlich. Une agence installée dans une usine remarquablement réaménagée, en plein Xème arrondissement de Paris. Une agence qui a su se faire une place à part et en particulier dans le monde du design de luxe et de prestige, comme celui du dernier parfum de Jean-Paul Gaultier. Admirable Design a tendu son micro à Elie, pour le soumettre au jeu du 10 sur 10. A quels designs va-t-il accorder la note 10 sur 10 ?

Rencontrer Elie Papiernick est un moment particulier fait de sérénité (au moins apparence), de transparence et d’élégance. Derrière ce masque presque asiatique, mais il a vécu plusieurs années en Asie, se cachent une sensibilité à fleur de peau et une culture raffinée. Pas étonnant que son agence emmagasine les succès en ce moment de crise d’identité que connaissent de nombreuses autres.

Alors, Elie, quels sont les designs pour lesquels vous attriburiez la note 10 sur 10 ?

La première Mini. Un très beau cahier des charges. Une nouveauté extraordinaire à l’époque, touchée par la grâce. Un symbole du savoir-faire anglais.

Choco BN. Un produit symbole de notre enfance. Un beau design de Dragon Rouge qui pourrait être scénarisé. Un dessin qu’on ne peut pas oublier.

La tour Eiffel. Parce que c’est Eiffel Gustave, cet ingénieur visionnaire qui possédait l’art du métal, pourtant l’apanage de s Anglais à cet époque. Non seulement il a créé la fameuse tour, mais il a inventé les ponts métalliques préfabriqués. Plus qu’un ingénieur, il trouvait les sponsors financiers et remuait ciel et terre pour que le rêve devienne réalité. Quel mec ce Gustave !

Les voiles de béton de Le Corbusier. Habituellement quand on découvre un nouveau matériau c’est pour l’utiliser en remplacement d’un existant. Avec Le Corbusier ce n’est pas le cas. Il a inventé une nouvelle application, avec ses toits en courbes, pour un nouveau matériau. C’est bien cela l’innovation.

La stéréolithographie. Inventée il y a 15 ans. A partir d’un modèle mathématique, on part du liquide pour faire naître une forme. C’est l’inverse de la sculpture…

Jean-Paul Gaultier. Je le connais bien pour travailler directement avec lui. C’est un génie. Pour son dernier parfum, il est arrivée avec une idée : un objet qui se casse en deux, mais qui peut se recoller ! J’apprécie le côté enfantin de ses expressions en même temps qu’un goût du détail. Il voit tout de suite ce qui manque, ce qui est en trop…

Apple. Il y a très peu de logos qui expriment la marque d’une façon aussi fraîche, gaie, universelle. Nike, c’est l’arrogance américaine alors qu’ici, c’est la pomme croquée, la digression. Think different, brillant !

L’escalier de Roger Tallon. Pas un escalier mais les pétales d’une fleur. Il donne l’impression d’être sans fin. Roger Tallon a bien inventé là quelque chose tout en harmonie…