Peut-on créer son agence de design aujourd’hui ?

C’est la question qu’a posée Admirable Design à Cédric François . En mai 2003, il quitte le marketing d’une grande marque pour fonder Nouvel Oeuvre, sa propre agence de design… à quelques pas de Landor, dans le Xème arrondissement, nouveau quartier bobo de Paris.

Il y aurait donc encore de la place pour de nouvelles agences entre les « petites » agences de type Odyssea ou Duetto et les majors de type Dragon Rouge ou C’ba ?

Il faut croire que la réponse est positive, puisque de grands noms tels que Yoplait, L’Oréal, Moet Hennessy ou Blédina, sont déjà clients.

Allons voir cela de plus près…

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Les quatre questions à se poser…

Travailler sur un projet personnel et professionnel : c’est dans cet esprit que Cédric François décide de quitter le groupe agroalimentaire après 9 ans de gestion de projets marketing lourds, en France et en Amérique du sud. Il décide de « se mettre en danger » et de créer une agence de design packaging. Histoire de mettre à profit sa personnalité d’agitateur et de créateur qu’il souhaitait associer à son expérience marketing.

Mais une fois le projet exprimé et jeté sur le papier, se sont alors posées quatre questions majeures auxquelles il fallait bien répondre…

Première question : quel positionnement adopter pour cette agence, afin de n’être ni une de plus, ni choisi par hasard ?

Sur le secteur des agences de design en phase de concentration, saturé d’agences sans positionnement, dans une période économique délicate et incertaine, alors que les attentes des clients évoluent, j’ai choisi de positionner nouvel œuvre comme « l’accompagnateur stratégique du changement par le design ». Cette promesse repose à la fois sur : mon expérience, les valeurs que je veux miennes (enthousiasme, challenger attitude, no bull shit, courage et solidarité), et sur un réseau d’experts (sémiologue, sociologue, stratège marketing, designer graphique et volume), que je réunis et anime selon les demandes clients. Extraits de la vidéo de présentation agence.

Deuxième question : le choix du nom. Quelle marque adopter ?

Alors pourquoi nouvel œuvre ? Œuvre, en référence au grand œuvre (au masculin) des alchimistes dont l’objectif était de transformer l’esprit et la matière, ce qui est bien ce dont on parle en design. Nouvel, en référence à la nouvelle façon de travailler et de faire que j’applique au métier, et ce pour nous comme pour les clients.
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Troisième question : comment s’organiser ?

En effet une fois qu’on existe sur le papier d’un (toujours beau) business plan, la réalité est évidemment bien différente de l’idée de départ. Tout prend au moins deux fois plus de temps que prévu, et bien des obstacles et barrières à l’entrée s’opposent à sa concrétisation.

Pour résoudre ces difficultés normales, et pour développer une organisation efficace du travail, il m’est très vite apparu que l’organisation en réseau était la solution : Le mien que j’alimente chaque jour est réparti en 4 familles : les clients et prospects, les partenaires experts du métier, les partenaires complémentaires, les partenaires extérieurs.

Les clients et prospects en priorité car ils sont le nerf de la guerre. Ils ont été au départ les plus difficiles à convaincre de prendre le risque de travailler avec nouvel oeuvre : (« revenez-nous voir quand vous aurez quelque chose à nous montrer », « envoyez- moi une plaquette », « ça va couper, on va passer sous un tunnel… »). La solution : j’ai monté un groupe de projet « prospectif » dont l’objectif était de faire d’un concept un produit mass-market grâce au design. Ce projet nous a permis, en montrant concrètement notre méthode de travail, d’apparaître comme un intervenant crédible, et récompense ultime, il a abouti au dépôt d’un brevet.

Ensuite les équipes d’experts sur lesquels s’appuier.

La solution : les rassembler au sein d’un projet précis et les investir d’un rôle fort (bien plus que celui d’un simple fournisseur) pour une efficacité optimale tant pour le client que pour nouvel œuvre : c’est la garantie du meilleur service au juste prix.

Un socle de partenaires d’autre part  :

savoir s’entourer et bien choisir ses locaux m’a paru essentiel pour respecter le business plan (cost-killer), fédérer et optimiser les projets, créer des synergies (gestion des dossiers et clientèle), ou encore profiter de l ‘expérience du métier d’agence.

La solution : Je me suis donc associé à une agence de communication indépendante fondée en 79.

Des expériences extérieures hors secteur.

La solution : j’ai fait monter au capital un entrepreneur d’expérience, et me suis rapproché d’association de chefs d’entreprise pour profiter de leur recul et de leur expérience de la gestion.
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Quatrième question : comment gagner la confiance des clients et prospects ?

Le marketing est bien plus une bataille de perception que de produit, c’est une évidence. Après un an d’activité, il me semble que pour être remarquable et remarqué par ses clients, et pour créer avec eux une relation saine et durable il est important de :

Savoir dire non : question de crédibilité et d’honnêteté. – Refuser ce qui nous éloigne de notre cœur de business, – Refuser les compétitions non rémunérées (valider la volonté du client de travailler avec nous). – Refuser d’être le « faire valoir » d’autres agence et apprendre à en sentir les signes avant coureur. (Mon interlocuteur est-il décisionnaire, prendra t’il un risque en nous faisant travailler, lequel…).

Savoir dire plus que oui : ne pas se cantonner à la mission (que l’on effectuera à 110 %), mais chercher une vision plus globale des projets, qui fera que le client s’appuiera sur nous : car il aura confiance au-delà de la confiance normalement accordée à l’expert en design.