Le Choix Funéraire a choisi de développer une vaste recherche sur le sujet et elle a sollicité l’École de Design Nantes Atlantique. Pendant deux ans, une équipe d’étudiants, designers et philosophe ont réfléchi sur les nouvelles attentes dans le domaines des rites funéraires. Les premiers résultats mirent en évidence des innovations dans plusieurs domaines mais le plus pertinent restait la fermeture du cercueil. Un groupe de 15 étudiants de 4e année encadrés par David Balkwill, designer, et Isabelle Faure, philosophe, ont recherché de nouvelles solutions autour du cercueil.
Parmi les 15 propositions, Julien Bracq propose un cercueil à fermeture progressive afin de vivre moins brutalement le moment de dire adieu.
Le cercueil à fermeture progressive.
Lors de l’inhumation, la fermeture du cercueil est surtout l’un des moments les plus délicats. En effet, lorsque le couvercle est refermé d’un seul coup, les proches perçoivent cet instant comme le signe brutal, mécanique, voire inhumain d’un temps irréversible, d’une vie qui s’arrête. Le défunt est entré dans le monde des morts.
Une autre manière de vivre l’instant où il faut se dire adieu…
Dans le processus d’acceptation de la mort de la personne, le rituel des obsèques est extrêmement important, puisque le travail de deuil « nécessite psychologiquement un point d’origine qui n’est pas tant la mort du disparu que son officialisation sociale »
La forme du cercueil s’inspire de celle d’un bateau, tandis que le couvercle, qui s’ouvre en son milieu, fait référence aux ailes d’un oiseau ou d’une demoiselle (famille des libellules). Lorsque le couvercle est ouvert, le cercueil ressemble à un bateau surmonté de deux ailes, prêt à prendre son envol, image introduisant une certaine légèreté dans un moment particulièrement pesant.
Le défunt est, à ce moment-là, partiellement visible (le buste et la tête). Lorsqu’on referme les “ailes”, le corps disparaît progressivement, doucement, et ne semble pas scellé brutalement dans le caisson. Cette disparition progressive peut s’apparenter à un rite de passage.
On retrouve ici les notions de voyage, de mouvement, et d’allure appuyées par la forme de bateau du cercueil. Ces notions de temps, de mouvement permettent alors d’activer un imaginaire riche qui laisse la porte ouverte à l’interprétation de chacun, selon ses croyances, selon son histoire. Lorsqu’un bateau quitte le quai, on ne sait pas forcément où il va.
Qui dit voyage dit peut-être nouveau départ, rencontre, retrouvailles dans un « ailleurs »… Une vie qui continue d’une autre manière, un autre temps qui commence… La mort peut alors prendre un autre sens que celui d’un arrêt définitif. Après la mort intervient la survivance de la mémoire du défunt. Le cercueil à fermeture progressive, en associant l’image du bateau et de l’envol permet d’imaginer une présence qui resterait en l’air, laisserait sa trace dans le monde vivant, dans la mémoire des proches.