Et l’envie du consommateur, dans tout ça ?

La distribution se plaint d’une baisse sérieuse de la consommation. Le
pouvoir d’achat manque dit – on, mais l’envie est-elle toujours au
rendez-vous ? Claudie da Cuna a cogité sur le sujet avec Philippe Breton, et nous fait part de son point de vue personnel où il est question du « joui » du consommateur. De se consommateur qui se met à raisonner plus loins que le bout de son portefeuille !

Cela mérite réflexion…

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Le joui du consommateur ?

Ouvrir la fenêtre d’Admirable Design le matin c’est une bouffée d’oxygène pour les neurones, finalement c’est bien de parler boutique avec ceux qui partagent les mêmes valeurs…

Forte de cette confraternité, j’ose une question personnelle, comment réparer mon joui ?

J’explique ; une plainte déposée à la préfecture de Fort de France par une jeune femme à l’encontre de son compagnon maladroit a retenu mon attention, motif invoqué : « il a cassé mon joui » !

Eh bien, figurez vous que je pense que l’ennui a cassé mon, nôtre, votre « joui » de consommateur.

Le consommateur raisonne …

Je me promène en linéaire, « store check » oblige, mais j’ai de moins en moins envie d’y acheter.

Bien sûr, les produits sont pas mal, certains distributeurs ont même une vraie démarche consumériste, mais je m’ennuie. Par le jeu des packagings, des stops rayons, des affichettes, des micros, tout crie trop fort et en même temps : premier prix, moins 30 %, prix cassés, promotions…

Le prix est la première promesse, or je suis capable de comparer et de juger si le prix me convient, je ne suis pas subitement décérébrée en entrant dans une grande surface. J’attends d’autres promesses, je suis lasse d’entendre qu’il y a moins 30 % sur le poulet si au final c’est le producteur qui est menacé et par ricochet mon emploi et celui de mes proches.

Les engagements vis-à-vis du consommateur sont formidables, qualité, traçabilité… le commerce équitable, c’est très bien aussi, j’attends les mêmes engagements vis-à-vis des producteurs français qui sont la vie de notre tissu économique.

Ces marques qui cassent le plaisir …

Les marques nationales sont aussi concernées et Nestlé par exemple, a bien « cassé mon joui » dans le rayon des yaourts !

Je n’ai pas bien aimé la manip sur le logo (Nestlé écrit façon Chambourcy) pour me faire croire que rien avait changé et du coup je ne retrouve plus le petit goût acidulé de Chambourcy, tout me paraît plus sucré.

Je n’ai pas bien aimé la même manip avec les glaces Gervais, j’ai regretté la disparition de La Roche aux Fées ; quel nom formidable cela aurait fait pour une eau…

La disparition des marques me laisse entrevoir celles des unités de production, et je ne peux me réjouir d’une telle course à la transversalité. Brand killer, l’entreprise, perd son humanité et elle ne me tente plus beaucoup.

Mondialisation oblige ?

Suis-je seule à penser qu’une marque appartient aussi un peu à ses clients, qui l’ont nourri de leur confiance pendant des années ?

Suis-je seule à penser qu’on tue le désir du consommateur quand on tire trop sur la corde de sa confiance ?