Comme deux gouttes d’eau ?

Dans un article consacré à la similitude des nouveaux logos, Claudie de Cuna constatait une proximité de conception des identités de marques récemment créées.

Michel Disle, maître en matière de logotypes, interrogé sur le sujet, en trouvait une explication toute simple : c’est la formation des designers, plus que les goûts de l’époque, qui est à mettre en cause.

La question se pose-t-elle aussi pour les nouveaux packagings de Badoit et de l’Eau de Perrier ?

Réflexion.

« A l’aide d’un Mac, aujourd’hui en sachant conjuguer les courbes, les lignes, sans même avoir un réel talent de dessinateur, il est possible de créer un symbole agréable à l’œil, joli de couleurs et bien équilibré. Il est tellement plus facile à « vendre » à un client un symbole abstrait, toujours simple à justifier, qu’une magnifique tête d’aigle, par exemple, lourde de sens ; et donc difficile à faire accepter ! On trouvera toujours quelqu’un pour considérer qu’un aigle est agressif, rapace, etc. Alors qu’une belle sphère orange avec des entrelacs rouges dessinée par le Mac, rien de plus consensuel ! »

Cette remarque m’a été faite aux Usa – où visiblement les dernières créations sont très décevantes- et au Japon également. On s’acheminerait donc vers la véritable mondialisation logotypique ? Après tout, pourquoi pas ?

A cela on peut hélas répondre, comme Albert Boton, que ces créations sont interchangeables, car sans sens profond. Sans culture derrière elles.

Mais la création d’un logotype a toujours été la discipline la plus élitiste de nos professions, car maîtrisée, en réalité, par peu de créateurs… même si la technologie apporte aujourd’hui, un semblant d’accessibilité, comme dit plus haut.

Un terrain semblait protégé jusqu’à ce jour : le packaging. Avec son choix infini de possibilités de combinaisons entre les matériaux, les formes, les visuels et le graphisme il permet à chaque produit de marque de cultiver l’ientité de son territoire.

Et Danone de ne pas ressembler à Yoplait, Kronembourg à Heineken et Twinnings à Lipton.

J’oublie bien sûr, les quelques distributeurs qui en sont encore à plagier. Mais ceci est une autre histoire.
perrier-badoit-bouteillew.jpg_ Aussi en comparant la dernière bouteille de Badoit à l’Eau de Perrier, déjà sur le marché depuis six mois, j’ai ressenti comme une impression de déjà vu. Certes, l’une est verte quand l’autre est bleue, mais tout de même le sentiment de proximité subsiste. L’esprit est identique : la forme générale -alors qu’il y a tant de variétés de formes dans ce domaine- le gimmick des bulles – même si ce n’est pas exclusif à Perrier – le sleever sans fond de couleur pour mieux jouer de la transparence, tout confère à un style commun. _ Heureusement que Perrier n’a pas choisi la couleur verte (choix possible, compte tenu de ses antécédents) pour sa cadette ! Du coup sur le linéaire, on n’y aurait vu que du feu entre ces deux stars qui se seraient ressemblées comme deux gouttes d’eau.

Certes, la sortie d’une nouvelle bouteille demande des mois de préparation et la démarche n’est probablement que fortuite. Badoit entrait en gestation quand Eau de Perrier y était encore quelque temps. Mais l’on sait qu’une trop grand proximité d’image n’est jamais bénéfique aux marques. Le consommateur inattentif par définition, fera le choix qu’il entendra entre ces deux belles marques qui ont mise au monde des fausses jumelles.

Plus encore ?

Un article consacré à la similitude des nouveaux logos :

 [->1018 ] par Claudie de Cuna