Le consommateur complice des marques ?

Le regard original sur le trio marques, vendeur et consommateur apporté par Marie-Claude Sicard mérite que les designers s’y arrêtent. Normalienne, agrégée de lettres, ne ratez pas cette pensée vive, multicolore et… cultivée, ce qui ne gâte rien, dans son dernier bouquin « Danse avec les renards ».

Les renards étant les marques, on y découvre que le consommateur est tout autant une victime qu’un complice !

Il y a de la connivence là-dessous.

A lire !

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Marie-Claude Sicard n’en est pas à son premier livre sur les armes de séduction du marketing. Deux best-sellers ont précédé celui-ci : « luxe, mensonges et marketing » et les ressorts cachés du désir » ;

« Danse avec les renards » nous invite à reconsidérer notre rôle et notre responsabilité en tant que consommateurs. Il casse un bon nombre de tabous avec acuité et ironie.

Voici, choisis arbitrairement par Admirable Design, quelques extraits de ce livre iconoclaste à bien des égards…

De l’inefficacité des combats anti-pub, anti-marketing, anti-consommation,…

Enfin, c’est un combat bien mal malmené, si on en juge par ses résultats. (–) Le gros des troupes mobilisées contre la marchandisation du monde est bien loin d’avoir emporté la moindre bataille décisive.

Au contraire, comme les pacifistes, elles perdent à peu près toujours celles qu’elles engagent. (–)
_La presse anglo-saxonne a enquêté sur les errements d’une enseigne à la réputation pourtant bien établie : The Body Shop, pionnière du commerce équitable. Effets sur les résultats ? Nul.
(–)

« Super Size Me » documentaire à charge contre l’industrie du fast food en général et de Mc Donald’s en particulier, a-t-il fait fermer un seul restaurant ? Non.

La société du « moi je »

Même chose en ce qui concerne la croyance généralement répandue que l’homme du troisième millénaire est un individu indépendant, libre et souverain. (–)

L’individu souverain n’existe pas. Il ne règne sur personne, et certainement pas sur lui-même. Sans ses semblables il n’est rien. (–)

Nous nous prenons pour le sel de la terre ? « Vous êtes l’énergie de demain » déclare Edf.

Nous sommes persuadés d’être uniques ? Vous êtes uniques dit Bmw.

Nous méritons de posséder tout ce qui nous fait envie ? «  Mais oui, prenez donc « parce que vous le valez bien », confirme L’Oréal.

Le branding »

Le branding était à l’origine l’opération qui consistait (–) à marquer le bétail au fer rouge. (–)Chez nous on s’appropriait la terre. Dans les deux cas les hommes mettent la main sur des ressources naturelles et les exploitent. Mais outre Atlantique, cette ressource est mobile et pas fixe.

Les marques qui nous manipulent…

Ainsi donc, au premier rang de nos têtes de Turcs, nous accusons les marques de nous manipuler. Et nous avons raison. Mais nous ne nous reprochons pas d’être manipulables, et nous avons tard. (–)

Maintenant (–) relisez ce qui précède et remplacez « les marques » par « les politiques », « les médias », « les patrons », ce que vous voulez, la proposition reste vraie.

Les marques religieuses. »

Les marques sont les fétiches ou les idoles de ce que nous appelons, faute de mieux, le monde « moderne ». Elles sont dotées de pouvoirs magiques, en particulier de nous raconter des histoires qui transforment notre vision des choses. Elles possèdent une identité qui ressemble fort à une âme, et elles peuvent nous en donner une quand nous n’en avons pas. »

Semer la zizanie pour durer

Les chercheurs en sciences sociales ont pu récemment le confirmer : n’importe qui (ou groupe d’individus) peut modifier les opinions (–) du milieu social où il intervient, à condition de créer un conflit avec l’opinion dominante (–) ce qu’on appelle la « consistante synchronique ». (–)_ Ensuite (–) la « consistance diachronique » c’est à dire le maintien de cette fermeté et de cette cohérence dans le temps.

Créer un conflit, camper sur ses positions et ne pas en démordre, quoiqu’il arrive : telle est la recette des marques ce commerce comme de toutes les autres, politiques, culturelles, sociales, religieuses ou idéologiques.

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