Quand les designers se prennent au sérieux…

Jean-Jacques Evrard (Pentawards) a rencontré un personnage -très peu représentatif, bien sûr- de nos métiers : le pro qui voit dans le design bien plus qu’un métier… une véritable philosophie, métaphysique de surcroi !

Toute ressemblance… etc.

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Le Roi du Design

– Monsieur Sagaze, vous dirigez la création d’une grande agence de design, vous écrivez dans Libé, vous roulez en Skoda et on trouve le mot “révolution” dans vos plus belles réussites : “Révolution dans le Coca”, “Révolution chez Boucheron”, “Révolution dans l’émotion”.

Vous pouvez expliquer un peu ?


– A priori, la crise occidentale est avant tout métaphysique. Effectivement, en termes dialectiques, l’existentiel articule le vécu entre deux référents opposés : l’être et l’avoir. Or globalement si ce que nous sommes, l’être, ne peut nous être retiré, “avoir” désigne la perte continue du corpus maternel, une perte que rien, jamais, ne pourra transcender. Bien évidemment, le phénoménologie décortique le vécu du senti, mais qu’en est-il du senti du vécu ?
Précisément, notre rôle à nous, designers et spécialistes de l’image, est d’éclairer, pour donner à désirer, le senti du vécu et, donc, de re-créer, dans une perspective néo-révolutionnaire, ou post-structuraliste, l’acte d’achat détourné de son signifiant émotionnel sublimé.

– Et comment fonctionne votre agence ?

– Nous n’aimons pas le terme “agence” et encore moins “agence-conseil”, qui sous-entend un savoir, un pouvoir, une orthodoxie. Effectivement, notre approche est essentiellement projectionniste. Chez nous, chacun participe à l’élaboration : l’annonceur, les forces de vente et le consommateur.

– Quels services proposez-vous à vos clients ?

– Tous les services. Nous accompagnons le clients dans toute sa communication. Notre équipe comprend d’ailleurs tous les artisants nécessaires : un lacanien, deux systémistes, un chétochinologue, un maître zen diplômé, l’ancien bras droit de Séguéla et trois consommateurs professionnels dont un SDF.

– Et vos projets ?

– Nous n’en faisons pas mystère : nous participons actuellement à une importante compétition organisée par un importateur bulgare de cucurbitacées.

– Curcubi… ?

– Pour vous, et plus vulgairement, des concombres et des cornichons.

– Beau projet. Mais que reprochez-vous aux autres agences ?

– Elles ne comprennent rien à la communication.