Design et poésie… Ah bon ?

“Nous sommes des lettres avant d’êtres des individus“ ou « on peut dessiner par les mots ». Voilà des actes de foi de Cyril Gaillard, véritable designer de marques et fondateur de la société Bénéfik. Si le marketing est devenu un gros mot, reconnaissons que la sensibilité, l’émotion sont devenus des tartes à la crème. Alors, pensez donc, la poésie !

Cyril offre à Admirable Design, un papier à l’écriture imagée qui se lit comme un poème…

Poésie et création de marque ! ?

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Ou ma façon de concevoir le métier de créateur de noms de marque…

Le mot de marketing est en passe de devenir un gros mot. Un mot que l’on interdira bientôt aux enfants de prononcer, quelque part dans l’univers du vocabulaire tabou entre crotte et bordel. Spontanément, beaucoup de personnes l’associent à une méthode pour vendre « à tout prix » ces choses dont on peut très bien se passer. Et le grand public de faire déteindre sur lui la déjà très mauvaise réputation du mot commercial aux dents longues.

Sans doute est-il nécessaire d’apporter davantage à cette discipline rigide et codifiée, les couleurs de la poésie, cette magie dont on explique assez peu l’impact mais qui accède directement, sans médiation aucune, à notre intimité.

Dessiner des licornes

Les calligraphes le savent mieux que personne, on peut dessiner par les mots. Les lettres sont des couleurs, leur mélange inspire des émotions, des souvenirs, rappelle à l’esprit que le monde est nuance. Le créateur de noms de marque est un designer qui trempe ses pinceaux dans le dictionnaire de son imagination. S’ouvre à lui des territoires secrets où la magie n’est pas loin. Si le réel fabrique les mots, les mots aussi fabriquent le réel. Les enfants le savent bien. Dîtes à un enfant qu’un âne est une licorne, il le regardera autrement. Et son regard changera le comportement de l’âne trop heureux de se voir traiter en animal mythique.

Les adultes sont des enfants comme les autres. Il suffît parfois juste de le leur rappeler par des mots bien choisis qui résonnent en eux, pour leur montrer qu’un simple produit anonyme laissé sur l’étagère d’un supermarché, les invite à rêver. _ Un monde sans imaginaire serait peuplé d’ânes gris souris. Mon métier est celui d’un peintre qui tente en jouant avec les lettres d’un alphabet sans fin, de dessiner des licornes.

L’écho de l’ego

On connaît ce que l’on re-connaît.

Impression de déjà vu, émotion partagée, le succès d’un nom tient à sa capacité à faire écho. Notre corde sensible vibre, une mélodie naît, se propage. Un nom qui marque est avant tout un nom qui se re-marque ; un nom qui va chercher l’ego dans ce qu’il a de plus ou moins partagé, de plus ou moins secret.

Nous sommes des lettres avant d’êtres des individus. L’alphabet est notre véritable patrimoine génétique, certains mots, certaines phrases ont laissé des traces. Alors les noms qui nous entourent font résonner certains de ceux qui nous composent. Ils font écho, s’interpellent, se parlent, parfois se rencontrent. Les noms qui marquent le mieux les esprits sont avant tout ceux qui ont marqué les cœurs.

Le poète au service du marketing doit donc affûter sa connaissance de l’humain, de ses émotions, de son imaginaire.