Gérard Laizé

Gérard Laizé dirige le V.I.A. (Valorisation de l’innovation dans l’Ameublement), croisement pour la création du mobilier en France et lieu de rencontre de nombreux designers de mobilier. Il organise des rencontres, des séminaires, des expositions dans le monde entier pour promouvoir le design français. Cela valait bien une rencontre.

Gérard Caron : Un mot sur le V.I.A. ?

Gérard Laizé : C’est à l’initiative du Comité de développement des industries doc-311.jpgfrançaises de l’ameublement qu’a été créé V.I.A. en 1979, avec l’aide du Ministère de l’industrie. SA mission consiste à valoriser et à promouvoir la création contemporaine dans le secteur de l’ameublement en France et à l’étranger. Cela concerne le mobilier, les luminaires, les arts de la table, les accessoires de décoration, le textile, etc.

GC : Comment peut-on anticiper les besoins de demain ?

GL : Comme à chaque époque, savoir observer et analyser les phénomènes sociaux qui influenceront notre vie future permet d’adapter les produits existants et de créer ceux qui accompagneront ces évolutions ; avec l’ambition d’améliorer le confort et le bien-être de l’homme.

GC : Dans un contexte aussi mouvant que le nôtre, comment avoir l’instinct de ce qui n’existe pas et de ce qui marquera l’époque suivante ?

GL : Il faut reconnaître que 4 produits sur 5 du siècle en cours sont à créer. Déjà on a calculé que 35 % des revenus actuels sont consacrés à des produits quoi n’existaient pas il y a seulement 4 ans !
Ceci dit, on créer les produits du futur, en provoquant l’obsolescence des offres existantes, par un apport d’un bénéfice d’usage ou d’estime supplémentaire.

 En couvrant de nouveaux besoins nés de nouvelles activités ou de nouveaux outils.

 En utilisant de nouveaux matériaux, de nouvelles technologies

 En reformulant la présentation, le conditionnement, le mode de distribution.

 En interpellant l’utilisateur sur de nouvelles valeurs d’estime, de nouveaux symboles adaptés à la culture du moment.

GC : Le danger n’étant-il pas de créer pour la seule nouveauté ?

GLMême s’il existe chez les designers une volonté d’innover, notamment par l’utilisation de nouveaux matériaux, le fait de ne pas soumettre ce type d’initiative à la volonté d’obtenir un véritable bénéfice d’usage pour l’utilisateur, réduit souvent celle-ci à un exercice plasticien qui n’engage que son auteur. D’où la nécessité de réfléchir au fond, de raisonner conceptuellement un nouveau produit avant d’en imaginer la forme. La solution se trouve moins dans le nombre des produits offerts que dans leur adéquation aux besoins révélés ou latents du moment. Pour un designer, sa pertinence à se trouver en adéquation avec l’aspiration culturelle du public dépend de la reconnaissance sociale et son succès.

GC : A vous écouter, vous exigez beaucoup de qualités humaines de la part des designers…

GL : Cela demande une plus grande générosité d’âme dans l’acte de créer fondée sur le partage d’une certaine vision des choses…Ne jamais oublier que les objets qui nous entourent sont aussi des supports de l’esprit. En considérant tous les facteurs sur lesquels se fondent la connaissance les mots, les nombres, les sons, les images, peuvent être pris en charge par des moyens technologiques. Ce n’est pas le cas de l’imagination, de l’intuition et de l’émotion…