Les Assises du design : pré-bilan

Le ministère de la Culture et le ministère de l’Économie et des Finances organisent la première édition des Assises Nationales du design, dont la restitution se tiendra à Bercy le 11 décembre prochain. Ces Assises sont préparées depuis plusieurs mois par des professionnels du design qui pilotent des groupes de travail thématiques. La Cité du design (Saint-Étienne) en assure quant à elle le secrétariat général. L’occasion d’Interviewer Thierry Mandon, son directeur général, afin d’en savoir un peu plus.

Thierry Mandon, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Thierry Mandon. J’ai d’abord eu une vie d’élu (maire, vice-président du département de l’Essonne, parlementaire, secrétaire d’État chargé de la Réforme de l’État et de la Simplification puis Enseignement supérieur et Recherche). En parallèle, j’ai mené une activité qui relevait du développement territorial, avec par exemple la création du Genopole d’Evry ou d’Optic Valley. Je précise que le design est une discipline qui m’a toujours intéressé et que j’en apprécie le contenu méthodologique, notamment pour ce qui concerne les démarches de  transformation des organisations. 

Comment êtes-vous arrivé à la Cité du design ?
T.M. D’abord, j’ai fait une partie de mes études à Saint-Étienne (je suis lyonnais). J’ai, par la suite, apprécié la renaissance de cette ville grâce au design, après les désastres industriels des années 1990. Et puis, le maire de Saint-Étienne m’a proposé de m’intéresser à son projet, et c’est comme cela que je suis devenu le directeur général de la Cité du design en septembre 2018. 

Votre constat et votre projet ?
T.M. Mon constat : la Cité est un actif territorial majeur avec des réussites notables (rayonnement culturel, accompagnement d’entreprises) mais qui a besoin d’un second souffle. Mon projet, Cité 2025, contient cinq axes majeurs : consolider l’Esadse (ndlr : l’école de design de Saint-Étienne)  en appuyant le développement international, la recherche et l’innovation pédagogique ; réorganiser le système d’accompagnement des acteurs publics et privés avec la création d’une filiale, Cités Services, de droit privé à capitaux publics ; faire évoluer notre écosystème en développant des partenariats avec des acteurs publics et privés lyonnais ; redéfinir l’ambition culturelle et de diffusion en repositionnant la Biennale et les activités associées  ; et enfin, bâtir un « quartier démonstrateur design » afin de montrer et démontrer comment le design sait organiser et valoriser le quartier d’une ville (en conjuguant l’urbain et l’urbanité).

Venons-en aux Assises. Qu’en attendez-vous ?
T.M. Il y a des objectifs externes et internes. Pour ce qui concerne l’externe, il est impératif que le design soit reconnu à sa juste place en France. Songez qu’en Chine, par exemple, le design est la troisième priorité économique du gouvernement. D’ici 2025, l’objectif des Chinois est de diplômer 500 000 designers par an. Avec une ambition : ne plus copier mais innover. Par conséquent, il est urgent que notre pays reconnaisse la valeur créée par le design et que cette reconnaissance se manifeste de façon beaucoup concrète, autant par la sphère publique que privée. Pour le volet interne, il serait souhaitable que la communauté française du design renforce la solidarité entre ses différents acteurs et fasse preuve d’un relationnel beaucoup plus apaisé. 

Un message à transmettre ?
T.M. Il n’est pas directement lié aux Assises, mais je voudrais souligner l’importance du design dans la dynamique du jeu vidéo : aussi bien pour ce qui a trait à l’esthétique, la narration, l’expérience de jeu et la technologie. C’est ce que nous avons voulu démonter par le biais de notre exposition « Design-moi un jeu vidéo » qui démarre le 26 novembre, au sein de laquelle le Random Lab de l’Esadse mettra en lumière les éditeurs indépendants.

Et vous avez aussi un scoop ?
T.M. En effet : nous venons de recruter le designer Ernesto Oroza pour prendre en charge l’ensemble du 3e cycle de l’Esadse. Nous sommes très heureux de vous annoncer en priorité cette nouvelle.

Article précédemment paru dans le Design fax 1129.