Bronson : pas de cinéma

Serge Le Clerc de Bussy et Fabien Sanz, co-fondateurs de Bronson, font le point sur la croissance de leur agence et sur le climat des affaires en 2025.

Serge Le Clerc de Bussy et Fabien Sanz, comment allez-vous ?
F.S. Bien : on est en forme et c’est une bonne chose, car l’année est sportive, cela dit sans jeu de mots, parce que le marché est peu tendu et la situation anxiogène de manière générale. Il faut être très créatif, et ce sur les tous les fronts et pour tous les modules de pilotage de l’agence. Le niveau d’exigence de nos clients a bien évolué : ils veulent systématiquement que nous soyons créatifs et innovants, notamment avec l’IA, ce qui nous conduit à présenter des livrables de plus en plus élaborés. Et il faut être créatif commercialement, mais cela ne nous dérange pas, car c’est la marque de fabrique de Bronson depuis sa création en 2005. Créatif également en matière de communication externe, et enfin créatif dans la gestion de nos talents que nous devons engager et fidéliser, notamment en leur offrant de belles perspectives d’évolution.
S.L.C.B. La créativité à tous les étages cela commence d’une part par le commerce pour se rendre désirable, et d’autre part avec les talents pour qu’ils nous rejoignent et restent avec nous. D’où cette notion d’humanité et d’humanisme : une agence à taille humaine et humaine dans la relation. Et ce contact humain prend toute son importance à l’ère de l’IA. C’est tout ceci qui explique, notamment, pourquoi 20 ans après les débuts de l’agence on est encore. Et à ce propos, on aura juste 20 ans en mars 2025 !

Qu’est-ce qui vous pousse à avancer ?
F.S. On est motivés par le projet de façon générale. Depuis quelque temps on a revu notre business model. On avait fait le constat que nos clients avaient besoin d’interlocuteurs super experts et on a donc décidé de resiloté notre activité par secteurs. On a d’abord créé une entité qui se consacre aux produits de luxe et à la zone Asie avec Charles (ndlr : Charles pour Charles Bronson, évidemment !). Pour information, cela fait cinq à six ans que l’on est présent en Asie sur des marchés comme la Chine, Singapour ou le Japon, avec une équipe biculturelle franco-chinoise basée à Paris. Autre silo, on vient d’intégrer il y a un mois notre responsable en charge du développement de l’entité Charles en la personne de François-Xavier Schultz (ndlr : voir la rubrique Nominations). C’est une brique importante pour nous et cela muscle l’histoire de Charles. Deuxième brique, le marché de la food : on est depuis quatre ans l’agence du Groupe Bel avec la marque 4B, créée spécifiquement pour l’occasion, en collaboration avec 4uatre, ce qui marque bien notre volonté d’être identifié comme un acteur qui compte sur ce marché.
S.L.C.B. Notons que travailler avec 4B signifie commencer avec la marque, passer par le pack et enfin s’occuper du merchandising. C’est un positionnement assez unique sur le marché et qui correspond tout à fait à nos valeurs et envies de faire. Ce duo d’agences démontre une approche créative du métier avec une grande agilité dans le mode de fonctionnement.
F.S. Autre hub que nous avons mis en place, l’hospitality et le brand stretching pour des marques qui sont dans une stratégie de recrutement de nouveaux clients via d’autres expériences et points de contact. Ce hub s’appelle Bluebelle et travaille avec des clients dans l’hôtellerie et la restauration ou bien avec des clients qui souhaitent que leur marque s’installe dans ces domaines. Et puis, bien sûr, nous maintenons le cœur du réacteur de l’agence dans les spiritueux, la beauté et la parapharmacie, et en particulier avec notre client historique L’Oréal pour qui nous sommes référencés comme partenaire stratégique. 

Que représente Bronson aujourd’hui ?
F.S. Nous sommes une agence de 50 personnes et nous prévoyons en 2024 un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros. Pour mémoire, nous étions 35 personnes en 2022 et avions réalisé un chiffre d’affaires de 5,3 millions d’euros.
S.L.C.B. On y va de façon mesurée en croissance organique, car les affaires sont incertaines, et qu’il est hors de question de se mettre en danger sur de la croissance non maîtrisée. C’est d’ailleurs cette spécialisation en hub qui nous a permis de reprendre de la croissance.
F.S. Je précise que l’entrepreneuriat est une valeur forte chez Bronson avec une grande attention portée à nos collaborateurs et une réflexion constante sur l’évolution de notre business model. 

Comment voyez-vous le marché en 2025 ?
S.L.C.B.  Chahuté avec une continuation de ce mouvement de regroupement d’agences et de fermetures d’agences. Disons que l’on a vécu des heures plus calmes… Les clients seront toujours dynamiques, mais les budgets seront de plus en plus bataillés avec des grilles tarifaires à la baisse. Il est donc de plus en plus dur de tracer son chemin. Nous le disions : il faut être créatif pour sortir du lot et travailler différemment si l’on veut conserver ses marges. Mais, disons-le, même en étant hyper réactifs et innovants, les marges se réduisent inexorablement depuis 10 ans. 
F.S. On garde cependant un fervent optimisme. Nous sommes lucides, mais optimistes.

Un message pour terminer ?
F.S. Everyday is day one.
S.L.C.B Envie, dynamisme, créativité et humilité. 

Une interview de Christophe Chaptal

Article précédemment paru dans le Design fax 1338