Bon d’accord, on est à la frontière de l’architecture et du design. Mais ce reportage de Florence Grivet est si poétique qu’on a voulu vous le montrer ! C’est un élan de fantaisie, un petit moment poétique que l’on découvre au hasard d’une promenade le long des rives de la Saône, à la limite de Lyon. Il fait froid en cette fin d’année, le ciel intensément bleu pousse à la promenade. En ce début d’après-midi, le soleil fait son apparition sur la rive gauche de la Saône et une envie de rêverie m’amène jusqu’au quai Clemenceau. Un endroit paisible et bucolique découvert récemment par une triste journée d’automne. Il fait beau, l’endroit est encore plus charmant.
Il s’agit d’une petite construction poétique et joyeuse sur un lieu un peu austère, à l’embouchure de l’Île Barbe. Elle célèbre une ancienne écluse à proximité du club d’avirons de Lyon-Caluire. À cet endroit de la rive étroite et grise, à flanc de colline, une longue passerelle de type bateau décolle au- dessus de l’eau, faite de planches de bois, rambardes légères en câbles métallique. Par un virage en angle droit, elle s’élance ensuite au-dessus du muret de l’ancienne écluse, jalonnée par endroits de boules de verre bleu turquoise ou gitane et couleur ambre abordant un thème, comme les premières notes d’une musique, jusqu’à un petit édicule chargé de fantaisie. A l’extrémité de ce parcours, le belvédère de métal argenté porte sur un pilier ancré dans la maçonnerie située au-dessous.Une fois atteint, je m’y sens comme le capitaine du navire à la proue de son bateau et je regarde au- devant le courant de l’eau de part et d’autre de l’ile Barbe. Je m’imagine aussi le spectacle des courses des avirons filant à la surface tels des araignées d’eau. La rambarde est un jeu d’ébullition de cercles argentés, véritable dentelle d’aluminium qui joue avec les reflets de l’eau. Mon regard tourne à 360° dans ce paysage de la Saône, puis quitte un moment le sol, l’eau, les rives pour suivre les boules de verre colorées le long des piliers qui s’élèvent pour former une couronne au sommet. Je peux tout à loisir, contempler le ciel serein joliment décoré des notes bleu et d’ambre brillant ce jour sous le soleil.
Pour le Parisien, c’est un rappel d’une autre petite curiosité chargée de fantaisie : la station de métro de Palais Royal, face à la Comédie française, réelle surprise dans les stations du métro parisien.
En redescendant la longue rampe avec vue dégagée au-dessus de l’eau, je reviens sur la berge et découvre le panneau indiquant cet événement. Il fait partie d’une initiative de la ville de Lyon.
« River Movie » est le programme d’art public des Rives de la Saône : 13 artistes internationaux et 23 œuvres à terme entre la confluence et Rochetaillée-sur-Saône. En dialogue avec le paysage, chacune des interventions artistiques propose une expérience et une découverte uniques. Réunies comme dans un film en plusieurs séquences, elles entrent en résonance avec les lieux et leur histoire pour créer de nouvelles mythologies, comme autant de surprises qui ré-enchantent les rives. » L’artiste Jean-Michel Othoniel, également auteur de la station Palais Royal à Paris, conçoit des installations baroques et précieuses oscillant entre rêve et réalité. Ses œuvres en verre soufflé de Murano teinté de couleurs, son matériau de prédilection, transportent le spectateur dans un monde qu’il souhaite ré-enchanter. Le panneau indique aussi que « le belvédère fait face à l’Île Barbe où sont dissimulées des lanternes scintillantes. De loin, leurs lumières mystérieuses font écho aux contes païens et chrétiens qui ont autre fois peuplé l’ile. »
Ré-enchanter la vie, c’est un beau thème en ce début d’année. Il me faudra revenir de nuit pour découvrir la suite de ce moment poétique.