Quand le design deviendra addictif…

Joris, cofondateur d’Admirable Design et webdesigner de sites communautaires, a une passion : les mécanismes des « univers addictifs » ! C’est le terme consacré pour cette génération, abreuvée de jeux vidéos et d’internet.

Aurait-elle une autre façon de voir le monde ?

Joris nous livre ce que sont pour lui les besoins d’un nouveau design révolutionnaire. Un design centré sur les préoccupations liées à la pratique de nouveaux loisirs.

Un article à lire jusqu’au bout qui va vous plonger dans de pensées actives !

Alors, prêts pour le design addictif ?

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Notre univers, déjà addictif * ?

* Admirable Design a décidé de conserver, à regret, cet anglicisme qui dépeint un phénomène universel bien plus étendu que le supposerait l’utilisation du mot « accoutumance ». D’autre part, il est reconnu et utilisé dans la communauté du net, dans
cette acceptation de sens.

Depuis le milieu des années 90, de nouvelles générations de consommateurs se mettent en place… et personne ne semble vraiment s’en rendre compte. Jeux de rôle, jeux vidéos, jeux de cartes à collectionner et à manipuler, internet, et enfin jeux vidéos online multi-joueurs.

Leurs loisirs sont des univers parallèles où il faut endosser une nouvelle identité, la construire, la faire vivre sur le long terme dans une autre réalité.

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Le principe commun à tous ces loisirs est la forte dépendance qu’ils provoquent rapidement. Que ce soit pour avoir un personnage toujours plus puissant, explorer de vastes régions virtuelles, collectionner des objets de plus en plus rares, s’intégrer et participer à une communauté. Les objectifs demandent généralement beaucoup de temps et d’investissement pour les atteindre, les achever.

On devient « addict » à un univers quand on ne peut plus se passer de tenter d’atteindre un de ces objectifs ! La progression continue (relativement rapide) flatte en permanence l’ « autre-soi » (une sorte de personnalité fantasmatique) et nous garde accroché au jeu. Plus l’univers offre de possibilités, plus il est aisé de glisser d’un objectif à un autre et ainsi, de rester fidèle à un univers en continuant en permanence à faire évoluer son « autre-soi ». C’est le piège !
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Quand la conso devient addicte…

Après avoir côtoyé ce genre d’univers addictif, il est évident que le rapport à la consommation « classique » devient obsolète, fade, sans intérêt.

Si les formes, les couleurs, les marques peuvent légitimement départager des produits face à un consommateur classique, celui qui a vécu une expérience d’addict aura besoin de vivre une nouvelle expérience avec son produit. Il ne peut plus simplement l’utiliser pour ce qu’il est…

Il recherche la consommation addicte, en quelque sorte !
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Des produits addictifs.

La création de nouveaux produits ou la transformation de ceux existants, doit tenir compte du schéma mental de cette cible. A chaque achat d’un produit, le consommaddict trouvera des moyens de continuer son expérience dans ce nouvel univers. À chaque achat, il a la possibilité de progresser et découvrir pour nourrir la quête de sa personnalité fantasmée.

Suivant les produits et la cible, cela revient à sublimer le produit… ou à le laisser en simple support d’utilisation de nouveaux moyens (internet, téléphonie, etc.), pour que l’autre-soi continue d’« exister » après l’achat. Vous suivez ?
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La communauté virale : un monde d’avenir.

Ces communautés d’addicts sont particulièrement communicantes et possèdent un très fort taux de développement viral.

Dans ces micros sociétés, l’autre-soi peut prendre part et agir sur son environnement ! C’est très excitant par rapport au monde réel. Le joueur passe d’un monde de résignés où « on n’y peut rien » à un monde où « on peut tout ». Ici l’avenir existe, et chacun a son mot à dire. Une vie rêvée, en quelque sorte.

Si une marque ou un produit répond à ces critères, l’addict une fois intégré à son nouvel univers, aura rapidement envie de le faire partager à ses amis ou à ses diverses rencontres pour les inviter à jouer.

Les relations entre autre-soi apportent une nouvelle dimension aux personnes qui pouvaient pourtant se connaître avant. Des affinités profondes peuvent ainsi se forger, rendant les joueurs d’autant plus attachés à cet univers.

Aussi curieux que cela puisse paraître, vivre des expériences fortes dans un monde virtuel peut être aussi convaincant que celles du monde factuel . Cela produit des repères nouveaux, des souvenirs, des émotions.

Inquiétants ces mutants ? En tous les cas, il faudra bien en tenir compte.

Nous ne sommes déjà plus dans la science fiction…

Fin de la première partie.