Crises, ruptures culturelles, au secours le design ! !

Le design porteur et transmetteurs de valeurs dont le monde à un besoin crucial face aux modèles économiques et moraux qui s’effondrent ?

Il faut la puissance de réflexion de Christian Guellerin (président de Cumulus et de l’Ecole de Design de Nantes) et ses contacts mondiaux pour démontrer que c’est possible.

Prenez le deux minutes nécessaires à la lecture de ce message.

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2011 – 2012 : Un contexte favorable au design, à la création et à
l’innovation………

Les modèles économiques et industriels s’effondrent.
Tous les économistes
semblent incapables sinon de prévoir mais surtout de résoudre les problèmes
qui se posent aujourd’hui aux pays occidentaux. Force est de constater que
les universités d’économie, récemment distinguées par le classement de
Shanghai pour la qualité de leur recherche, n’ont pas produit les « 
trouveurs », ceux qui parmi les chercheurs apportent des solutions viables
aux tempêtes que nous devons affronter.

Par ailleurs, la technologie – science exacte et objective – qui naguère
fondait la confiance en un progrès propice à l’humanité est allée tellement
loin dans « la connaissance des choses » qu’elle en est venue à générer de
l’angoisse tant elle objective parallèlement le progrès et la fin de
l’humanité. Les OGM, le décryptage du génome, l’atome… autant de sujets sur
lesquels les démiurges sont à l’aise pour nous menacer du meilleur et du
pire à la fois.

Enfin, la globalisation, l’internationalisation, le brassage des populations
et des cultures remettent en cause tous nos repères culturels de valeur et
de sens. La loi se substitue à la Morale à mesure que nos repères sur
l’éducation, la liberté, la justice, le respect des autres et de soi-même,
la politesse… sont ébranlés par des approches culturelles différentes.

Ces contextes sont particulièrement favorables au design, à la création et à
l’innovation. Car il s’agit de penser différemment pour s’adapter à cette
nouvelle donne, pour retrouver du futur, de l’avenir, de l’espoir.

Face à l’angoisse de demain, Il convient de retrouver du sens, des valeurs.
Le développement du secteur de la décoration intérieure illustre ce
formidable besoin de retrouver du sens en toutes choses y compris dans tous
les objets du quotidien. Rapporté aux produits et aux marques, le concept
de « Designed by » va se substituer à celui du « Made in ». Le « Designed by
 » sera le déterminant de l’identité et de la qualité.

Les entreprises vont devoir réfléchir différemment et adapter leur structure
et leur management à la mobilité industrielle. Non pas celle qui consiste à
délocaliser dans les pays asiatiques ou ailleurs, mais celle qui consiste à
s’adapter au changement. Les entreprises – comme les hommes – vont devoir
apprendre à changer de métier et développer leur capacité à « faire autre
chose » avec « ce qu’elles savent faire ». Ce n’est plus l’expérience qui
va garantir la pérennité des entreprises, c’est la capacité à muter.

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La capacité à innover va devenir une valeur de « goodwill » déterminante.

Le concept de renouvellement de marché qui a prévalu au développement de
l’économie de marché va devoir revoir également ses fondements. La
substitution de produits par d’autres a soutenu la consommation et la
croissance de nos économies au point que « l’obsolescence programmée » a été
naguère un concept vertueux. Les designers et les ingénieurs vont devoir
réfléchir à des produits qui durent, obligés qu’ils seront par une
conscience écologique exacerbée par la recherche de valeur.

Le recyclage, la
réutilisation, le détournement vont être dépassés
par une conscience de la
durabilité des produits. La relance par la consommation chère à certains
politiques pourrait être une vertu suspecte. L’émergence du « non
obsolescent product » est programmée.

La saturation des marchés, conséquente au non renouvellement de certains
produits qui dureront plusieurs générations, renforcera l’obligation pour
les entreprises d’être en capacité de muter.

Elles le feront d’autant plus facilement qu’elles auront des structures
souples, adaptables et de proximité. La capacité à muter pourrait
s’accompagner d’une réflexion sur une ré-industrialisation de proximité
propice aux territoires et aux économies occidentales.

Enfin, l’émergence des nouvelles technologies a développé la conscience de
pouvoir interragir sur la conception des produits et des services.

L’économie de la contribution se substitue à l’économie de la consommation.
Le consommateur va intervenir de plus en plus en amont dans la conception
des produits qu’il entend consommer. Si le Marketing a régi l’économie de
marché, c’est au design et à la conception partagée que reviendra le
management de la contribution.