Le packaging voit la vie en noir en ce moment : du Coca-Cola Black (un succès ?) aux produits cosmétiques internationaux, nous assistons à un retour du noir.
Caroline Moulin, directeur stratégique de l’agence de design Place du Marché du groupe Makheia, livre pour Admirable Design son interprétation.
Ténébreuse Beauté…
Après la déferlante du noir dans des univers plus ou moins attendus ; souvenons nous en vrac du papier toilette, du Coca-Cola Black ou du succès du cristal noir ; voici venu le temps de la cosmétique.
Mouvement niche ou tendance lourde du marché ?
Dans cet univers ultra codé comment le noir, antithèse de la pureté et de la fraîcheur du blanc, peut-il habiller la cosmétique ?
Est-ce l’avènement d’une nouvelle et ténébreuse beauté ?
Premier alibi : Le marché des hommes, ou la cosmétique au masculin.
Il fallait se distinguer tout en restant viril. Le Noir symbole de l’autorité, de la puissance de la force et du pouvoir, prenait là son rôle de parfait complément du blanc jouant la dualité naturelle en préemptant même souvent les codes de la marque.
Puis il est venu habiller les crèmes de nuit devenant leur code de segmentation. Le signifiant du noir n’est il pas « force d’appel des énergies du jour » selon la tradition chinoise ?
Paradoxalement c’est par le pays où le blanc est tellement symbolique de la beauté, le Japon, que les premières lignes noires de cosmétique féminine sont arrivées. Shiseido (future solutions) et Kanebo (Sensai premier qui reprend le mystère divin de la beauté éternelle) racontent l’anti-âge et la technicité de façon plus onirique et mystérieuse (avec des formules pourtant pointues scientifiquement).
Les clairs/obscurs tels des ombres chinoises contribuent à magnifier l’objet du désir fabriqué dans des tonalités de noir aux reflets mystérieux . Dans cette mouvance, le noir brillant repris par Armani joue la perfection de l’élégance en jouant le credo du créateur« less is more ».
Et qu’en est – il de la crème noire ? Elle existe depuis peu, devenant l’expression d’une histoire d’ingrédients comme pour le masque noir de Givenchy à base de bois de sureau.
Quant au noir métallisé, il joue l’éclat et la technicité rejoignant là son rôle au masculin.
Et même les marques organiques haut de gamme communiquent en noir, l’exemple du phyto black de Shu Uemura frappe les esprits, là aussi la représentation de la nature en cosmétique nous avait habitués à d’autres codes dits végétaux.
Si les couleurs sont de formidables révélateurs de l’évolution de nos mentalités ( selon « le petit livre des couleurs » de Michel Pastoureau, ) le rôle du skin care serait il en train d’évoluer de la pureté hygièniste et technique vers plus de mystère et d’élégance ?
Mais le skin care noir partage aussi des valeurs avec le blanc , l’autre non couleur : le sérieux, une certaine autorité, voire austérité..cela reste son message essentiel…
Alors l’avenir est il sombre pour la Cosmétique ?
Où ces nouvelles voies obscures vont-elles ouvrir un chemin d’expression territoire inconnu ?
Rendez vous l’année prochaine.
